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« Hommes enceints » : cachez cette réa­li­té que je ne sau­rais voir

La cam­pagne du Planning fami­lial assu­rant les hommes trans enceints du fait qu'ils rece­vront un accueil res­pec­tueux au sein de l'association ne relève nul­le­ment de « l'idéologie woke » mais d'un prin­cipe de réa­li­té, que les trans­phobes pré­fèrent nier.

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ÉDITO. Mercredi 17 août, le des­si­na­teur Laurier The Fox dif­fuse sur ses réseaux sociaux une cam­pagne de com­mu­ni­ca­tion du Planning fami­lial dont il a réa­li­sé le visuel et repré­sen­tant un couple d'hommes dont l'un est trans et porte un enfant. Le mes­sage : « Au Planning, on sait que des hommes aus­si peuvent être enceints. » L'enjeu, pour l'association d'information, de soins et de lutte pour les droits repro­duc­tifs : mon­trer aux hommes trans qui n'ont pas réa­li­sé d'opération chi­rur­gi­cale de réat­tri­bu­tion sexuelle et qui donc peuvent mener à bien une gros­sesse qu'ils seront accueillis au Planning au même titre que les autres usager·ères pour être écou­tés et conseillés.

Un mes­sage de tolé­rance, donc, mais into­lé­rable aux oreilles de nombreux·euses inter­nautes sur les réseaux sociaux, de péti­tion­naires et des membres de l'extrême droite fran­çaise, Rassemblement natio­nal en tête. « Avec ce genre de com­mu­ni­ca­tion ridi­cule, le Planning fami­lial se trans­forme de plus en plus en offi­cine de pro­pa­gande socié­tale, a ain­si voci­fé­ré Laure Lavalette, dépu­tée RN du Var et porte-​parole du groupe à l’Assemblée natio­nale. Il est néces­saire de démas­quer ces mili­tants archi sub­ven­tion­nés qui ne cherchent qu’à répandre leur idéo­lo­gie gro­tesque et men­son­gère. » Quelle iro­nie, pour une asso­cia­tion soi-​disant « archi sub­ven­tion­née » qui pour­tant s'inquiétait de sa sur­vie en 2019 à la suite de coupes bud­gé­taires ! Quelle iro­nie aus­si quand le mot « idéo­lo­gie » est dégaî­né par faci­li­té, pour mas­quer une réa­li­té qui dérange : que cela plaise ou pas, des hommes trans font le choix de la mater­ni­té. C'est une réa­li­té de l'époque, en France et ailleurs dans le monde, pas une « idéo­lo­gie ».

Étonnement légi­time

L'association his­to­rique de lutte pour le droit à l'IVG et encore aujourd'hui indis­pen­sable pour son accès a éga­le­ment été atta­quée par la secré­taire d'Etat à la vie asso­cia­tive, Marlène Schiappa, dans une inter­view au Figaro, titrée – nou­velle iro­nie : « Tout ne doit pas être conflic­tua­li­sé tout le temps ». Interrogée sur la polé­mique créée par les conservateur·rices, elle y déclare : « Quand un mes­sage est mal reçu c’est qu’il a mal été émis. Beaucoup ne com­prennent pas ce que le Planning fami­lial a vou­lu dire. Si c’était un mes­sage en faveur de l’inconditionnalité de l’accueil, il aurait fal­lu l’expliciter car ce que cer­tains ont com­pris c’est qu’un homme pou­vait tom­ber enceint alors que ce n’est pas une réa­li­té bio­lo­gique. »

L'argument de la « réa­li­té bio­lo­gique » bran­di par l'ancienne secré­taire d'État à l'Égalité est réver­sible et donc mau­vais : comme expli­qué plus haut, c'est une réa­li­té bio­lo­gique aujourd'hui, les hommes trans peuvent tom­ber enceints. Dans le fond, il peut être désta­bi­li­sant de com­prendre qu'un homme trans porte la vie, spé­ci­fi­ci­té du fémi­nin auquel il ne se sent pas appar­te­nir. L'étonnement est légi­time. Mais les efforts de certain·es à dévoyer ce prin­cipe même de réa­li­té et nier l'existence de per­sonnes sem­pi­ter­nel­le­ment dis­cri­mi­nées portent un nom, celui de la transphobie. 

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