Petites Luxures, l’érotisme à l’encre de Chine

Depuis six ans, l’illustrateur Simon Frankart s’intéresse au plus brûlant des sept péchés capitaux avec son compte Instagram, Petites Luxures.

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© Instagram Petites Luxures

Des lignes noires sur un fond blanc dessinant des silhouettes qui s’entrelacent. Les dessins érotiques du compte Petites Luxures font rougir Instagram depuis 2014. Chaque semaine, son créateur Simon Frankart régale ses 1,3 millions d’abonné.es en retraçant, à l’encre de Chine, les contours de l’intimité et des plaisirs sexuels. Un engouement qui pousse même l’illustrateur français à traduire - et expliquer - systématiquement ses posts en anglais pour sa communauté. 

La formule de ce succès ?  L’ingéniosité d’un trait qui combine illustration érotique minimaliste voire inachevée et légende sémantique évocatrice. « L’avale-hanche », « zone de mouillage », « prendre son pied à terre », « joyeux cunniversaire ». Jouer sur les mots, là est l’autre talent de l’auteur et dessinateur. « Généralement, je trouve d’abord le jeu de mot, l’expression, la référence culturelle avant de dessiner, indique Simon Frankart. Ce que j’aime le plus c’est détourner des expressions qui ne sont pas érotiques. » Et pour dénicher ces mots, l’homme s’inspire de son quotidien. « J’ai un Google doc avec plus de 400 idées que je trouve n’importe où, même en vacances à la montagne », plaisante celui qui conserve une part de mystère en ne dévoilant pas son âge.

« On n’imaginait pas qu’un homme puisse faire des illustrations érotiques »

Dessiner l’intime n’était pourtant pas une vocation née pour Simon Frankart. L’illustrateur d’origine champenoise est d’ailleurs longtemps resté anonyme avant de sortir du bois en 2018. « Les gens pensaient qu’une femme tenait le compte Petites Luxures. On n’imaginait pas qu’un homme puisse faire des illustrations érotiques », constate Simon. Un homme donc, qui a débuté l’odyssée des Petites Luxures un peu par hasard. Il y a 6 ans, cloué au lit par une grippe, celui qui est alors graphiste crayonne des silhouettes entrelacées dans son carnet de croquis, incomplètes à cause de la fièvre. Remis sur pied, le dessinateur redécouvre ses dessins, les trouve intéressants et les poste donc sur Instagram. Le compte Petites Luxures est né. 

« Je dessine toujours dans des carnets, je commence par un croquis rapide, puis j’encre en prenant soin de ne faire apparaître que les éléments nécessaires à la compréhension. Ça me permet de pouvoir tout suggérer. » Un trait qui permet également à Simon de contourner la censure sévère des réseaux sociaux, sans toutefois toujours y échapper. « Ça arrive pour quelques dessins, pas les “plus chaud” d’ailleurs. Celui d’une main dans une petite culotte brodée d’une fleur si je me souviens bien. » 

Dessiner l’intime sans tabou 

Malgré cette prohibition digitale, un seul credo pour le père des Petites Luxures : pas de tabou. Plan à trois, fellation, plaisir solitaire, couple homosexuel et lesbien… Simon Frankart ne se refuse rien. Le dessinateur insiste d’ailleurs sur la place de l’imaginaire en notant que « la partie la plus excitante du dessin, ce sont les lecteurs qui se l’imaginent eux-mêmes. »  Une façon pour son million d’abonné·es de s’approprier ses créations. « Ils s’envoient mes dessins pour parler de choses qu’ils n’oseraient dire avec des mots, souligne Simon. J’aime l’idée que les gens se draguent avec mes dessins. » 

Pour flirter, vous décomplexer, vous amuser des jeux de mot ou simplement apprécier l’art pictural des Petites Luxures, rendez-vous donc sur Instagram. Et qui sait, vous y découvrirez peut-être même de nouvelles façons d’expérimenter votre sexualité. « Une jeune femme très émue m’a un jour confié que mes dessins l’ont aidé à surmonter certains complexes qu’elle avait dans l’intimité, conclut Simon. C’est très touchant car finalement, on a tous les mêmes problématiques quand on est à poil dans sa chambre ».


Depuis ses débuts, Petites Luxures a élargi son terrain de jeu

Simon Frankart a exposé ses silhouettes érotiques en France, en Italie et aux États-Unis, une exposition étant d’ailleurs prévue en août 2021 à San Francisco. Le dessinateur a également investi les librairies en compilant ses illustrations sensuelles dans deux ouvrages : Histoires intimes en octobre 2019 et Le Diascope Petites Luxures en octobre 2020, tous deux publiés aux éditions Hoebeke.


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