Plus souple qu’une crèche, plus accueillant qu’un foyer social, le relais parental est un lieu aussi atypique que méconnu. Il permet aux parents de confier leurs enfants de quelques heures à quelques jours, le temps de sortir de leurs difficultés ou de se reposer. Reportage dans les Hauts-de-Seine, dans une maison pas comme les autres.

Dans une rue résidentielle de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), rien ne distingue le relais parental des logements voisins. Des volets bleus égayent la façade blanche. Un panneau indique que la porte est ouverte 24 heures/24, tous les jours et toute l’année. Dès l’entrée, une odeur de gâteau aux pommes cueille les narines. En cuisine, Siham s’affaire. Il est 14 heures, les petits dorment dans les chambres à l’étage. D’après sa fiche de poste, Siham est « maîtresse de maison ». Un terme un peu désuet qui cache une grande polyvalence entre accompagnement social, animation et intendance. « Ici, c’est comme une grande maison. On reçoit des enfants le jour et d’autres, le jour et la nuit. On les emmène à l’école, on va les chercher, on les nourrit, on joue, on cuisine, on plie du linge, on fait les devoirs et des sorties au parc… » Pour le déjeuner, elle leur a cuisiné des carottes, un gratin pommes de terre-épinards et des nuggets « pour leur faire plaisir ». Aux enfants qui l’appellent « Maman », elle explique que leur maman revient ce soir… ou dans quelques dodos.
Dans cette maison un peu particulière, les enfants viennent de quelques heures à quelques jours, ou plus, en fonction des situations et des besoins. C’est un relais parental, une structure méconnue de soutien à la parentalité, qui offre du répit aux familles confrontées à des difficultés périodiques ou passagères. Il en existe seulement dix en France, dont cinq gérés par la Croix-Rouge. Pour celui de Gennevilliers, qui a inspiré tous les autres, les financements proviennent du conseil départemental des Hauts-de-Seine, avec un budget stable de 1,7 million d’euros. Ici, pas de questions, ou si peu. La priorité : accueillir les enfants pour soulager les parents qui n’ont pas d’autre solution, leur permettre de souffler dans les moments critiques ou bien de résoudre leurs problèmes sereinement. Plus souple qu’une crèche, plus complet qu’un centre aéré, le lieu se présente comme une alternative à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) et, surtout, comme un outil pour prévenir les placements en foyer.
En novembre 1985, à l’initiative de l’association Passerelle 92, la toute première maison relais parental ouvre ses portes à Gennevilliers, suivie par une deuxième en janvier 1989, dans la même ville, pour faire face au[…]