Le must du mois
Patrick Melrose, de David Nicholls
Inédite en France, cette minisérie britannique se penche brillamment sur les traumas de l’inceste. Boostée par la performance de Benedict Cumberbatch, hallucinant dans le rôle d’un aristo toxico…
Voici une odyssée aussi fracassante qu’addictive, en osmose totale avec son héros, qui ne cesse d’osciller entre enfer et rédemption ! Cette série signée David Nicholls (scénariste de Loin de la foule déchaînée) est une libre adaptation des romans à succès d’Edward St. Aubyn. Patrick Melrose est un aristocrate anglais qui ne s’est jamais remis des violences et abus sexuels perpétrés, dans son enfance, par un père tyrannique. Dandy séduisant, très drôle mais très seul, il s’autodétruit à grand renfort d’alcool, de cocaïne et d’héroïne. Jusqu’au jour où il apprend la mort dudit paternel. Point de départ d’une résilience mouvementée…
Sur un tel sujet, on pouvait craindre un méchant cocktail de pathos et de glauque… Rien de tel ! L’humour de ce récit, qui entrecroise plusieurs époques, est ravageur et la réalisation, soignée : chaque épisode possède un style propre, le premier étant déjanté, le deuxième sobre et poignant, etc. Enfin parce que Benedict Cumberbatch (Le Hobbit, Star Trek into Darkness, Sherlock) est… stupéfiant dans le rôle-titre. Bouleversant, insupportable ou craquant, il est toujours bien secondé, notamment par Jennifer Jason Leigh, impeccable en mère gentiment éthylique. Cette critique implacable de la haute société anglaise des années 1960 aux années 2000 va vous transporter au paradis des miniséries.
Patrick Melrose, de David Nicholls. Série en 5 épisodes de 52 min. Diffusion sur Canal+ à partir du 18 mars et en intégralité sur MyCanal.
En replay
Thanksgiving, de Nicolas Saada
Nicolas Saada est un cinéaste accompli (Espion(s), Taj Mahal). Sa première incursion dans le domaine de la minisérie – Thanksgiving, une création française comme son titre ne l’indique pas – confirme sa rigueur formelle et son talent pour installer une ambiance inquiétante. L’enjeu est subtil : explorer les non-dits d’un couple en crise sur fond d’espionnage industriel. Soupçons, manip et parano à tous les niveaux ! Le récit est troublant, un peu sévère. Entre John Le Carré et Ingmar Bergman (pour le côté Scènes de la vie conjugale). Avec un vrai bonus à la clé : Grégoire Colin et Hippolyte Girardot, deux acteurs singuliers.
Thanksgiving, de Nicolas Saada. Série en 3 épisodes de 48 min. Sur Arte.tv jusqu’au 30 mars.
À surveiller
Game of Thrones décodé, d’Ava Cahen
Le compte à rebours a déjà commencé pour ses millions de fans : la huitième et ultime saison de Game of Thrones – GOT pour les intimes – sera diffusée dès le 15 avril, en France, sur OCS City. Afin de mieux savourer ces retrouvailles, un livre-somme se propose de décrypter les enjeux de la série phénomène. Trop sympa : il plonge, en détail, dans ses coulisses comme dans ses généalogies familiales absconses ! Son titre : Game of Thrones décodé. Rédigé par Ava Cahen, journaliste experte et malicieuse, il a la bonne idée d’être documenté, ludique, et de ne négliger aucun débat. On vous recommande le chapitre intitulé « Genre(s), sexualité(s) et diversité, guerre des représentations » !
Game of Thrones décodé, d’Ava Cahen. Éd. du Rocher. 356 pages, 18,90 euros. Game of Thrones saison 8, série en 6 épisodes, dès le 15 avril sur OCS City, diffusion en simultané avec les États-Unis dès 3 heures, puis en J+24.
