De France Gall à Alizée, les « fausses ingénues », bien souvent créées de toutes pièces par les maisons de disque, ont longtemps rempli les caisses de l’industrie musicale. Retour sur un genre qui, ces dernières années, grâce au streaming, à #MeToo et à l’autonomisation des artistes, est en voie de disparition.

Postée en janvier,la vidéo d’Angèle s’appropriant Moi… Lolita cumule les vues sur TikTok et Instagram. Vingt et un ans après sa sortie, voilà la minauderie d’Alizée, 15 ans à l’époque, digérée par l’interprète du féministe Balance ton quoi. Quel pied de nez ! Le mouvement #MeToo aurait-il eu la peau des lolitas de la chanson ?
L’idée de faire chanter des adolescentes faussement ingénues remonte aux années 1960 et à l’émergence d’une nouvelle classe sociale : la jeunesse éprise de liberté. Du magazine Salut les copains aux 45-tours des yéyé, une nouvelle génération de consommateurs apparaît. « Les maisons de disque ont mis beaucoup d’énergie à capter l’argent de poche des teenagers », rappelle le musicien Bertrand Burgalat (dont l’album Rêve capital sort le 11 juin), patron du label Tricatel et président du Syndicat national de l’édition phonographique.
De Sheila à Alizée en passant par Lio
La méthode est simple : pousser devant les micros des idoles qui ont l’âge de[…]