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©Anne-Laure Bonnel

« Silence dans le Haut-​Karabagh », un docu­men­taire poi­gnant et néces­saire sur la vio­lence des com­bats entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan

Le film docu­men­taire réa­li­sé par la repor­ter de guerre Anne-​Laure Bonnel dif­fu­sé, depuis le 24 avril, sur la pla­te­forme Spicee témoigne du conflit meur­trier qui a eu lieu cet automne dans le Haut-Karabagh. 

C’est un conflit qui s’est dérou­lé loin des regards, il y a à peine quelques mois. Pendant six semaines, du 27 sep­tembre au 10 novembre, la guerre éclair du Haut-​Karabagh oppo­sant l’armée armé­nienne aux troupes azer­baïd­ja­naises – sou­te­nues par Erdogan – a fait des mil­liers de vic­times et plus de cent mille déplacé·es. Un affron­te­ment aux racines pro­fondes puisque l’Arménie et l’Azerbaïdjan se déchirent depuis une tren­taine d’années pour le contrôle de cette enclave, grande comme un dépar­te­ment fran­çais, non recon­nue inter­na­tio­na­le­ment et où vit une com­mu­nau­té essen­tiel­le­ment arménienne. 

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Les mon­tagnes du Haut-​Karabagh. ©Anne-​Laure Bonnel

C’est donc dans un silence occi­den­tal assour­dis­sant que la repor­ter de guerre Anne-​Laure Bonnel s’est ren­due seule sur place en décembre 2020, quelques semaines seule­ment après le cessez-​le-​feu. Au milieu des mon­tagnes et des plaines dévas­tées encore minées, elle a pas­sé dix jours, camé­ra au poing, à la ren­contre des popu­la­tions meur­tries du Haut-​Karabagh. En res­sortent plu­sieurs cen­taines de vidéos et pho­to­gra­phies, et un film docu­men­taire, Silence dans le Haut-​Karabagh, dif­fu­sé depuis le 24 avril sur la pla­te­forme Spicee.

L’extrême vio­lence des combats 
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Les rues dévas­tées de Stepanakert, la capi­tale du Haut-​Karabagh. ©Anne-​Laure Bonnel

« En étant au plus près de l’insoutenable, j’ai vou­lu com­prendre et rap­por­ter les traces qu’ont lais­sées ces com­bats », indique Anne-​Laure Bonnel à Causette. Les stig­mates de la guerre sont effec­ti­ve­ment bien pré­sents tout au long des cin­quante minutes de film. Des vil­lages vidés de leurs âmes, des mai­sons bom­bar­dées, l’image d’une école où les impacts de balle côtoient des mots d’enfants aban­don­nés sur les murs. Le docu­men­taire montre aus­si la vio­lence des corps abî­més, bles­sés, par­fois déchi­que­tés par six semaines de com­bat. Des images dif­fi­ciles mais ô com­bien impor­tantes pour sai­sir l’horreur d’une guerre. 

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Les brû­lures des bombes au phos­phore. Hôpital des grands brû­lés de Yerevan. ©Anne-​Laure Bonnel

Silence dans le Haut-​Karabagh trouve sa force dans sa façon puis­sante et brute de trans­mettre l’information. Aucune voix off dans le film, seule­ment celles des témoins directs accom­pa­gnées d’archives four­nies par les auto­ri­tés armé­niennes et de quelques com­men­taires écrits pour appré­hen­der le contexte. « Les pay­sages dévas­tés, les visages et les regards de ceux qui ont vécu l’atrocité de cette guerre suf­fisent à racon­ter ce qu’il s’est vrai­ment pas­sé », sou­ligne la repor­ter. Sur place, Anne-​Laure Bonnel découvre effec­ti­ve­ment l’utilisation par l’armée azer­baïd­ja­naise de bombes au phos­phore et à sous-​munitions1, pour­tant inter­dites par le droit international.

Silence dans le Haut-​Karabagh rend compte avec sobrié­té et jus­tesse de la vio­lence et de la com­plexi­té de ce conflit dans lequel les forces armé­niennes et azer­baïd­ja­naises s’accusent aujourd’hui mutuel­le­ment de crimes de guerre. Un docu­men­taire à voir abso­lu­ment pour ten­ter de com­prendre ce qu’il s’est joué pen­dant quarante-​quatre jours à 4000 kilo­mètres de Paris.

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Silence dans le Haut-​Karabagh, un film d’Anne-Laure Bonnel, dis­po­nible sur la pla­te­forme Spicee.
Certaines images sont sus­cep­tibles de heur­ter la sen­si­bi­li­té du public. 

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