Lydia Maria Pfeffer Love Magic 2023 Galerie Droste Paris Installation View 05
L'exposition Love Magic de l'artiste Lydia-Maria-Pfeffer à la Galerie Droste à Paris

Paris : les toiles car­na­va­lesques de Lydia Maria Pfeffer s'installent à la gale­rie Droste

Dans un kaléi­do­scope de cou­leurs, la peintre Lydia Maria Pfeffer repré­sente un réjouis­sant monde paral­lèle dans lequel de mys­té­rieuses créa­tures mi-​bêtes, mi-​femmes se tirent les cartes et prennent le thé au milieu d'une nature luxu­riante et protectrice. 

Lydia Maria Pfeffer Dream in Green 2021 Oil on canvas 213.4 x 198.1 cm 84 x 78 in Unique
Lydia Maria Pfeffer, Dream in Green, 2021
Huile sur toile

Quelle est donc cette femme-​lion, à moins qu'il s'agisse d'un chat-​femme à barbe, tapie dans cette jungle opu­lente ? Dévoilé à notre œil à dis­tance, à tra­vers une fenêtre de la gale­rie Droste don­nant sur une cour inté­rieure elle-​même don­nant sur une annexe du lieu dans un joli bâti­ment en pierres de taille comme il s'en trouve der­rière les portes cochères du Marais, le tableau, for­mat car­ré et monu­men­tal, s'appelle Dream in Green. « C'est l'œuvre pré­fé­rée de l'artiste dans cette expo­si­tion, explique Laure Saffroy-​Lepesqueur, cura­trice dans cette gale­rie située rue des Archives, dans le IIIème arron­dis­se­ment de Paris. Ici, Lydia Maria Pfeffer revi­site la figure des bêtes peu­plant la forêt : le loup san­gui­naire a été trans­for­mé en une femme apprê­tée, mais qui se fait belle uni­que­ment pour elle-​même, puisqu'elle vit iso­lée. Cette œuvre raconte aus­si une accep­ta­tion joyeuse de la soli­tude. »

L'installation de Dream in Green dans cet endroit caché raconte beau­coup de la créa­ti­vi­té et de la pas­sion de Laure Saffroy-​Lepesqueur et de Claire Guinet, direc­trice de l'antenne pari­sienne de la gale­rie Droste, née tout d'abord à Düsseldorf en Allemagne. Animées par la mis­sion de mettre en avant des artistes man­quant injus­te­ment de recon­nais­sance à leurs yeux, les deux jeunes femmes accueillent les œuvres de l'Autrichienne Lydia Maria Pfeffer pour la seconde fois, après une expo­si­tion en 2021. Pour celle-​ci, visible du 17 juin au 29 juillet, les gal­le­ristes et l'artiste ont sélec­tion­né des tableaux récents de cette der­nière pou­vant cor­res­pondre au thème qu'elle a elle-​même choi­si : Love Magic, c'est le nom de l'expo, se veut une « ode à un amour qui n'est pas res­treint au sen­ti­ment amou­reux mais peut aus­si être celui que nous por­tons à la nature, ou à la famille qu'on s'est choi­sie, dans un état d'esprit assez queer », explique Laure Saffroy-Lepesqueur.

En plon­geant dans le grand bain amou­reux, la femme-​léopard va-​t-​elle perdre sa flamme ?
Lydia Maria Pfeffer Re Entering the Waters of Love 2022 Oil on canvas 91.4 x 71.1 cm 36 x 28 in Unique 1
Lydia Maria Pfeffer, Re-​Entering the Waters of Love, 2022
Huile sur toile

Le résul­tat est une plon­gée réjouis­sante dans le monde paral­lèle issu de l'imagination de la peintre qu'elle déverse dans une explo­sion de cou­leurs dans des huiles sur toile aux for­mats géné­reux. « On est encore tou­jours un peu punk en tant que peintre quand on décide de repré­sen­ter sur de grandes toiles des sujets qui ne semblent pas pri­mor­diaux », observe Laure Saffroy-​Lepesqueur en fai­sant réfé­rence au pion­nier en la matière, Gustave Courbet, qui cas­sa l'usage pieux du grand tableau en repré­sen­tant Un enter­re­ment à Ornans. Pas d'enterrement chez cette artiste qua­dra­gé­naire ins­tal­lée à New York mais d'étranges créa­tures mi femmes, mi bêtes, évo­luant dans une nature luxu­riante sem­blant les pro­té­ger de la civi­li­sa­tion bête­ment humaine. Ici, une sirène (un per­son­nage récur­rent chez Pfeffer) joue aux cartes avec un loup-​garou, là un Pégase boit le thé avec d'autres merveilleux.ses com­pères, dont une femme-​oiseau qui pour­rait, glissent les gale­ristes, être une évo­ca­tion de l'artiste elle-​même. Dans Re-​Entering the water of love, une « femme-​léopard » incan­des­cente che­vauche un « homme-​aligator", selon la des­crip­tion de Lydia Maria Pfeffer. « Cette pein­ture exprime, contrai­re­ment aux autres, un doute : en plon­geant dans le grand bain amou­reux, la femme-​léopard va-​t-​elle perdre sa flamme ? », ques­tionne la cura­trice de Love Magic.

Lydia Maria Pfeffer Strength is a Beast of Burden 2022 Oil on canvas 182.9 x 152.4 cm 72 x 60 in Unique 1
Lydia Maria Pfeffer, Strength is a Beast of Burden

La mul­ti­pli­ci­té des sym­boles – astraux, mytho­lo­giques, païens – nichés dans ces scènes rat­tache l'oeuvre de l'Autrichienne aux mou­ve­ments sur­réa­listes et sym­bo­listes. « Tout en étant éga­le­ment ins­pi­rée du cou­rant naïf por­té par Le Douanier-​Rousseau », relève Laure Saffroy-​Lepesqueur. Mais le monde doux, heu­reux et queer de Lydia Maria Pfeffer (en atteste Sweet love, un tableau repré­sen­tant un couple fémi­nin) est un refuge. Strength is a Beast of Burden, peint dans un camaïeu de noir et gris, est là pour rap­pe­ler la vio­lence de l'extérieur. On y voit une femme che­vau­chant son « com­pa­gnon lion », le visage cou­vert de pan­se­ments et de cica­trices. « Pfeffer nous dit ici qu'accéder au bon­heur et à l'amour est un par­cours, et que la rési­lience est dif­fi­cile », conclut Laure Saffroy-​Lepesqueur. Une oeuvre certes oni­rique mais qui résonne avec son époque.

Love Magic, de Lydia Maria Pfeffer, à la gale­rie Droste (72 rue des Archives 75003 Paris) du 17 juin au 29 juillet.

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