les eclaireurs une vie d ecart
Marguerite et Firouza © Les Éclaireurs

« Une vie d’écart » : la série docu­men­taire qui fait se ren­con­trer enfants et per­sonnes âgées

Ce mercredi 7 octobre, Canal + diffuse les deux premiers volets de sa série documentaire Une vie d’écart. Une expérience adaptée d’un programme anglais et menée pendant six semaines dans un Ehpad où des enfants de maternelle se sont rendus quotidiennement pour aller à la rencontre des personnes âgées. Irrésistiblement mignon.

C’était avant la Covid. Du temps où de petits enfants pouvaient entrer dans un Ehpad et embrasser allègrement, sans que personne ne s’en inquiète, des vieux et des vieilles qui, pour la plupart, ont passé les 90 ans. Alors déjà rien que pour ça, ça fait du bien de regarder Une vie d’écart, la série documentaire de Canal+ en quatre volets qui débute le 7 octobre. Et tourné avant la crise sanitaire, donc.

Le programme est l’adaptation d’un format diffusé en 2017 au Royaume-Uni et qui a rassemblé, en moyenne, 2,8 millions de téléspectateurs. L’idée ? Observer pendant plusieurs semaines, sous l’œil des caméras, l’effet magique que peut avoir la rencontre entre des gamin·es sans filtres et des personnes âgées un peu esseulées dans une maison de retraite. À l’heure où la France entière semble prendre conscience qu’elle traite mal ses aînés, et alors que la réforme du grand âge et de la dépendance vient d’être pour la énième fois reportée, ce docu tombe à point nommé. Et ouvre de réjouissantes perspectives. Surtout quand on sait qu’en 2050, les plus de 85 ans seront plus de 5 millions contre 1,5 million aujourd’hui.

Mais venons-en à notre affaire. Au départ de l’expérience, évidemment, il y a d’un côté des vieux et des vieilles un peu sceptiques, ou inquiets et inquiètes voire, pour certain·es, carrément déprimé·es. « Il y a des moments où c’est affreux d’être vieux, croyez-moi », déclare Raymonde, 98 ans. Et tous et toutes sont un peu sur le même registre, quand ils·elles passent le test d’effort et de moral qu’ils·elles feront au début puis à la fin de l’expérience. Parfois, « on se dit “qu’est-ce que je fais là, je sers à rien” », confie Annette, 88 ans. Et de l’autre côté, des gamin·es très curieux·euses et un peu excité·es.

Sous l’œil des caméra, petit à petit, petit·es et grand·es, vont apprendre à se connaître, à s’apprivoiser, puis à franchement s’aimer. Et cette rencontre est vraiment bouleversante.

Car nous aussi, spectateur·trices, nous apprenons à connaître ces personnes âgées qui ont vécu mille vies. Derrière les cheveux blancs et le dos croulant, il y a la lumineuse Jacqueline, née à Tunis, à l’accent pied noir et à la bonne humeur infaillible. Mais aussi Marguerite, qui a élevé ses trois fils et beaucoup voyagé. Andrée, ancienne couturière. Robert, qui ne s’est jamais occupé de ses enfants et se découvre là un vrai intérêt pour eux. Monique, qui, avec son mari, a vécu en Indochine, aux États-Unis, en Grèce, en Afrique. Ou Josette, qui ne s’est pas mariée, n’a pas eu d’enfants, mais a passé sa vie au théâtre et au cinéma.

Au travers d’ateliers de cuisine, de lectures, de jeux, de jardinage, enfants et aînée·es vont apprendre les un·es des autres. S’apporter beaucoup de tendresse réciproque. Il faut voir le coup de foudre amical qui se produit sous nos yeux entre Jacqueline et l’adorable petite Olive ! Au cours des animations, d’incroyables échanges surgissent. « T’es douce ! » dit Olive à Jacqueline, en caressant sa peau flétrie. Une autre petite fille à Annette : « Il est où ton amoureux ? » « Ah bah, il était vieux, il est parti au ciel », lui répond la vieille dame. « Et toi, pourquoi t’es pas au ciel ? », insiste la petite fille. « Parce que quelqu’un là-haut a dit c’est pas fini, tu peux encore marcher et rencontrer des petits-enfants. Tout n’est pas cassé », lui répond Annette. Après quelques semaines, le petit Andréa et Robert sont devenus sacrément copains : « Robert, est ce que tu étais impatient de me voir ? » lui demande le petit garçon, un matin. Et des moments comme ceux-ci, Une vie d’écart en regorge. Sortez les mouchoirs !

Surtout, les effets bénéfiques sur les vieux comme sur les enfants sont extraordinaires. À vouloir suivre les petit·es dans leurs gestes et leurs mouvements, les ancien·nes en oublieraient presque qu’ils·elles ne se déplaçaient plus qu’en fauteuil ou avec une canne depuis des mois. Le moral monte en flèche. Les enfants prennent confiance en eux. Les résident·es apprennent à se connaître. Nouent des liens entre eux·elles, alors qu’ils·elles n’avaient pour la plupart quasiment jamais osé se parler. Les enfants créent cette occasion.

De leur côté, les ancien·nes se réjouissent de transmettre les choses qu’ils·elles savent à des petits enfants. Et à la fin de l’expérience, ils·elles ne peuvent plus se passer les un·es des autres. Et ce sont autant de solitudes brisées.

Quand on sait que quatre personnes âgées sur dix n’ont quasiment aucun contact avec leur enfants, voilà qui met du baume au cœur. Et donne envie que l’expérience soit répétée partout en France. 

Une vie d’écart, réalisé par Matthieu Marès-Savelli, Sur Canal+, les 7 et 14 octobre à 22 h 50, puis en replay sur MyCanal.

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