Gail Bradbrook a cofondé Extinction Rebellion et mène de spectaculaires actions de désobéissance civile au Royaume-Uni pour alerter sur l’urgence climatique. Causette l’a rencontrée chez elle, à Stroud. En 2020, elle entend donner un nouveau souffle au mouvement, alors que l’environnement est devenu une des priorités pour les Britanniques.
Elle s’excuse d’emblée. Débordée, Gail Bradbrook n’a pas eu le temps de déjeuner. Elle grignote à la va-vite une tartine à la confiture d’abricot, se prépare un thé Earl Grey, puis s’installe sur un canapé recouvert d’une couverture en soie tibétaine. Pour parvenir à la rencontrer, il a fallu insister pendant plusieurs mois. Celle qui est devenue l’une des femmes les plus médiatisées du Royaume-Uni – aussi adulée que détestée – accorde peu d’interviews. Chez elle, dans sa maison de Stroud, dans le sud-ouest de l’Angleterre, l’intérieur est cosy, zen. Des gravures bouddhistes côtoient une cheminée en briques rouges, sur laquelle clignote une guirlande. Ses livres de chevet s’empilent sur une table : Boudicca, récit de l’épopée de Boadicée, la Vercingétorix bretonne, Effondrement, le célèbre essai de Jared Diamond, ou encore Poor People’s Movements (« les mouvements populaires », non traduit), un classique de la sociologie des mouvements sociaux. Au dos de son écran de PC trône un symbole devenu viral : un sablier à l’intérieur d’un cercle qui représente la Terre. Le logo d’Extinction Rebellion. Comme pour rappeler que c’est ici qu’est né le mouvement écolo radical, qui, depuis un an, mène des actions coup de poing à travers le monde pour dénoncer l’inaction des gouvernements face à la crise climatique.
Physicienne surdouée
En octobre 2019, pour sa troisième « rébellion », le mouvement a encore frappé fort au Royaume-Uni. Près de 30 000 militants ont paralysé l’aéroport de Londres, bloqué des ministères, bouclé des secteurs du Parlement et de la Banque d’Angleterre… Depuis quelques mois, Extinction Rebellion – « XR », de son petit nom – a essaimé dans soixante-dix capitales, dont Paris, New York et Berlin. « En avril 2018, nous étions une quinzaine dans cette pièce. On discutait déjà depuis quelques mois de la création d’Extinction Rebellion et, cette fois-là, on s’est dit : on se lance ! » se remémore Gail Bradbrook, piercing nasal et béret beige vissé sur la tête.
Aujourd’hui âgée de 47 ans, elle dit rêver de « changer le monde » depuis qu’elle est ado. « À 14 ans, je me suis inscrite au Parti écologiste après avoir participé à des actions de protection des animaux. » Au sein[…]