L'Agence internationale de l'énergie entrevoit le bout du tunnel, en annonçant que le pic des émissions mondiales de gaz à effet de serre lié à l'énergie adviendra en 2025, grâce à l'émergence des énergies renouvelables et décarbonnées. Pourvu qu'on s'y tienne.
ÉDITO. À Hossegor ou à La Baule, les baigneur·euses auxquel·les les journalistes tendent leurs micros oscillent entre plaisir de profiter de la « clémence » du temps de cette première semaine de vacances de la Toussaint et sentiment d'angoisse devant ces 27° qui ne devraient pas exister. De clémence du climat, il n'y en a point : la Terre au contraire se venge du mal qu'on lui fait en nous faisant vivre le mois d'octobre qui devrait battre tous les records de chaleur en Europe. « Y'a plus d'saison, ma bonne dame », et cette fois pour de vrai.
Cette douceur estivale scélérate, cette disparition des saisons, nous les paierons dans nos assiettes, puisque la dormance de la nature est essentielle au bon fonctionnement du cycle agricole. Et puis, alors que les premiers calendriers de l'Avent se pointent dans les rayons des supermarchés, qui parvient à se projeter en cette fin octobre abrutie de chaleur dans le joyeux frisson des fêtes de fin d'année ? Avoir froid est-il un plaisir que nous retrouverons ?
Le monde se dirige vers un réchauffement « catastrophique » de 2,5 °C à la fin du siècle. C'est la dernière prévision du Programme des Nations unies pour l’environnement dans son bilan annuel rendu le 27 octobre. Tandis que le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres s'époumone dans le vent pour implorer la fin du « greenwashing » des États qui signent des objectifs de neutralité carbone sans mettre en œuvre suffisamment actions pour y parvenir, le PNUE conclut à « une année gâchée ». Encore une. Dans ce contexte, on aurait envie de baisser les bras, à huit jours de la conférence mondiale sur le climat (COP27) qui se tiendra du 6 au 18 novembre en Egypte sous le haut patronnage du sponsor… Coca-Cola.
Pendant ce temps-là, cocorico, notre fleuron industriel français, TotalEnergies, cherche à forer dans les eaux d'Afrique du Sud pour faire main basse sur deux immenses gisements gaziers en faisant valoir que le gaz, c'est moins pire que le charbon, dont l'Afrique du Sud dépend à 72%. Certes oui, mais comme le rappelle Claire Nouvian de Bloom, qui se mobilise contre ce nouveau « projet criminel », l'Agence internationale de l'énergie a exigé que 2021 marque l'arrêt des nouveaux projets pétroliers ou gaziers afin de maintenir la trajectoire d'une hausse des températures contrôlée.
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Malgré la désolation du tableau, qui s'illustre peut-être le mieux dans ces gestes désespérés et absurdes des militant·es de Just stop oil qui se collent à des œuvres d'art pour espérer être entendu·es, on se doit néanmoins de chercher des raisons d'espérer pour ne pas sombrer. En voici une : cette même Agence internationale de l'énergie entrevoit le bout du tunnel, en annonçant que le pic des émissions mondiales de gaz à effet de serre lié à l'énergie adviendra en 2025, grâce à l'émergence des énergies renouvelables et décarbonnées. Cela ne veut pas dire qu'en 2026 ces émissions baisseront mais on pourrait avoir atteint un plateau. « Ce n'est pas suffisant pour éviter de graves impacts climatiques, mais c'est un progrès par rapport à la situation dans laquelle nous étions il y a quelques années », a écrit sur Twitter le directeur exécutif de l'AIE, Fatih Birol. Un progrès. Au point où on en est, on ne va pas le dédaigner.