La municipalité de Grigny (Essonne) demande à l'usine Coca-Cola installée sur son territoire depuis plus de 30 ans de se raccorder à l'eau de ville et de ne plus pomper dans la nappe phréatique de la ville pour produire ses boissons. Histoire d'en finir avec un « anachronisme » selon le maire PCF Philippe Rio.
« Coca-Cola a tout intérêt à changer de modèle car c'est un groupe qui doit aussi soigner son image », affirme Philippe Rio à Causette. Le maire PCF de la ville de Grigny dans l'Essonne est en passe d'obtenir gain de cause sur un dossier qu'il travaille depuis de longues années, lui qui est maire depuis 2012 : faire en sorte que l'usine Coca-Cola installée depuis 1986 à Grigny et qui emploie environ 250 salarié.es, se raccorde à l'eau de ville et cesse de puiser gratuitement dans la nappe phréatique pour produire ses sodas.
Si le géant américain est dans une situation tout à fait légale en pompant une eau sur le terrain dont il est propriétaire, l'usine de Grigny est néanmoins « la seule en France à utiliser le pompage dans la nappe », rappelle Philippe Rio. Il s'agit donc d'en finir avec « une anomalie et un anachronisme », dans un contexte « d'urgence climatique et de problématiques de préservation des ressources naturelles, dont les nappes phréatiques », défend l'édile.
Négociations avec Coca
Selon France inter, cette fois, Coca a accepté le principe d'un raccordage à l'eau de ville, qu'elle devra donc payer et dont le coût est actuellement l'objet de tractations. Une question d'image, donc, dans un moment où les épisodes de sécheresse deviennent chroniques et où se pose avec acuité, même en France, la question du partage de la ressource en eau. Mais aussi un moment opportun pour la compagnie, nous explique Philippe Rio : après une phase de dix ans de modernisation de son outil industriel à Grigny nécessitant des millions d'euros d'investissement, Coca ouvre un lieu de stockage dans la ville voisine de Fleury-Mérogis, en extension de l'usine de Grigny. « Cela évitera du transport routier et donc le bilan carbone sera amélioré », observe le maire qui a donc sauté sur l'occasion pour demander à Coca un engagement écologique encore plus grand.
Reste que pour l'heure, Coca-Cola envisage de se raccorder tout en continuant à pomper « pour certaines boissons », a indiqué l'entreprise à France inter. « Cette solution intermédiaire n'est pas la bonne solution, commente Philippe Rio pour Causette. Que l'on fasse de façon progressive, oui, mais avec une feuille de route permettant la fin du pompage en nappe. »
"Ecologie populaire"
En faisant plier l'industriel, le maire de la commune la plus pauvre de France entend mettre en oeuvre une politique d'« écologie populaire, ni punitive, ni bobo ». Elu meilleur du monde en 2021 par la City mayor foundation pour sa lutte contre la précarité de ses administré.es durant la pandémie ex-aequo avec le maire de Rotterdam (Pays-Bas), Philippe Rio liste d'autres projets s'inscrivant dans l'agenda environnemental de sa ville : l'arrivée du tramway en fin d'année, un plan de gestion des lacs de Grigny-Viry (90ha) « qui permettra de réduite les pollutions et développer la biodiversité d'une zone humide remarquable en milieu urbain » et le projet de raccorder les logements HLM du quartier de la Grande borne au système de géothermie de la ville, « qui fournit pour l'heure de l'énergie à 10.000 équivalents logements à un tarif imbattable ».
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