Est-il un sport plus féministe que les autres ? Audacieux de l’affirmer. Impossible de le démontrer. Pourtant, Causette tient le pari qu’il en existe un : le running. Pourquoi ? La liste des raisons que citent les runneuses tient largement la distance.
Parce que c’est le seul sport explosif, mixte et libre dans l’espace public *. Parce que la course à pied donne un pouvoir et que ça se sent, là, dans les tripes. Parce qu’un soir d’hiver, Tiphaine, trentenaire, courait dans un quartier craignos de la capitale où « huit mecs tenaient le mur » et que, se sentant puissante, elle s’est dit « J’en ai rien à foutre » et a tracé son chemin. « Si j’avais marché, j’aurais appréhendé. » Parce que Marcia, maintenant rodée à ses trois sorties hebdomadaires dans la montagne de Haute-Savoie, s’y est carrément mise par souci de sécurité – « Je me disais : “Si je suis en danger, je ne sais pas courir, c’est la cata”. » Parce que c’est « l’une des rares situations dans lesquelles je me sens tout à fait sereine dans la rue et que je n’appréhende pas de violences particulières », ajoute Julie, 30 ans, runneuse sur les quais de Saône et du Rhône depuis sept ans. Parce qu’on dit « Fuck » au mythe de la joggeuse kidnappée dans la forêt, énième déclinaison de la volonté d’enfermer des femmes.
Parce que c’est un sport simple, inclusif. Accessible à toute personne valide. « Facile, dit Anne, 46 ans. Le moyen le plus rapide pour aller se défouler physiquement et mentalement. » Qu’elle aille courir « au stade ou sur des chemins », le soir ou « entre midi et deux sur ma pause déj ». Et que ça, c’est primordial pour celles qui subissent la charge mentale et la double journée. Parce que la[…]