Le film Les Invisibles raconte l’histoire d’un centre d’hébergement qui ferme. Heureusement, il y en a aussi qui ouvrent… Le 1er décembre 2018, la Cité des dames a été inaugurée à Paris. Réservé aux femmes, c’est le premier centre d’accueil de la capitale ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Reportage.

Dans une des salles du centre, des matelas sont mis à la disposition
des femmes pour qu’elles puissent se reposer en toute sécurité.
@ Magali Corouge
« Vous pouvez vous allonger un peu si vous voulez, il y a de la place. » Aby * se laisse guider vers un coin plus calme. C’est l’une des premières à s’être présentée, le matin même de l’ouverture, à l’accueil de cet espace parisien inédit. Ouvert jour et nuit et sept jours sur sept, il est réservé aux femmes sans abri et en grande précarité. L’accueil y est inconditionnel : toutes celles qui sonnent à la porte de la Cité des dames sont prises en charge. Installé au sein d’un centre d’hébergement de l’Armée du salut dans le XIIIe arrondissement, ce lieu a même une entrée réservée au 39, rue du Chevaleret pour que les femmes se sentent en sécurité en y accédant. À l’intérieur, la peinture est encore fraîche. Les travaux ne sont pas terminés, mais les deux associations à l’origine du projet – l’Armée du salut et ADSF-Agir pour la santé des femmes – n’ont pas souhaité reporter son inauguration. « Six femmes sont déjà passées depuis ce matin », confie fièrement Nora, agente d’accueil. « La première attendait depuis 5 heures de pouvoir entrer ! » La nouvelle du lancement de la Cité des dames a rapidement fait le tour de la capitale. « Les femmes sont venues parce qu’elles l’ont lu dans le journal ou par le bouche-à-oreille, explique Nora. Elles ont pu dormir un peu, prendre une douche et changer de vêtements. » Dans la salle de repos, de grands canapés sont disposés autour de la pièce. Des chauffeuses et lits d’appoint sont ajoutés au fur et à mesure des arrivées. Un peu plus loin, un espace propose des boissons chaudes, de la soupe et des collations. Bénévoles, travailleuses et travailleurs sociaux naviguent entre l’accueil et cet espace pour accompagner les femmes.
Les “dames repères”
Adama débarque dans la salle avec une nouvelle arrivante, lui propose de s’asseoir, de prendre un café. Depuis le début[…]