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© Après la pluie

Le pro­jet « Chères toutes » aus­culte la place des femmes aux Arts-Déco

À comp­ter du 19 mai, l’École natio­nale supé­rieure des Arts Décoratifs de Paris donne la parole aux femmes de l'établissement sous la forme d’un site inter­net et de trois soi­rées radiophoniques. 

En lan­çant leur site, Chères toutes, le 19 mai, les quatre étudiant·es du col­lec­tif Après la pluie ain­si que l’enseignante et his­to­rienne Lucile Encrevé se donnent l’objectif de faire entendre à cha­cun la parole des femmes de l’École natio­nale supé­rieure des Arts Décoratifs (ENSAD). Une manière de par­ta­ger leur expé­rience au sein de l’institution pari­sienne mais aus­si de lut­ter contre toutes les formes de vio­lences et de dis­cri­mi­na­tions sexistes et sexuelles. Ainsi, ils et elles sont allé·es à la ren­contre d’étudiantes, d’enseignantes, de res­pon­sables d’ateliers et de membres du per­son­nel pas­sées par l’école, de 1968 à aujourd’hui.

En résulte une qua­ran­taine d’entretiens, retrans­crits sur le site Chères toutes, dans les­quels ces femmes témoignent de leur vécu lié à leur genre, au sein d’une des plus pres­ti­gieuses écoles d’art et de desi­gn. Ce lan­ce­ment s'accompagne d'un affi­chage de visuels gra­phiques sur les murs de l'école. Une ins­ti­tu­tion pou­vant se révé­ler être autant un espace de liber­té et de créa­tion qu’un ter­rain de domi­na­tion et d’oppression. « Certaines nous ont par­lé de leur épa­nouis­se­ment dans l’école mais de la dif­fi­cile visi­bi­li­té pour les femmes à la sor­tie, d’autres ont témoi­gné des vio­lences sexistes ou sexuelles qu’elles ont subi ici, sou­ligne Alexandra Piat, membre du col­lec­tif Après la pluie. Ça nous donne une diver­si­té de regards. Une manière pour les femmes de s'approprier l’école, elles qui ont si sou­vent été invi­si­bi­li­sées de son histoire. »

Lutter contre les inégalités 

Si l’ENSAD, fon­dée en 1766, accueille en son sein des femmes depuis 1802 et qu’en sep­tembre 2020, elles étaient 514 étu­diantes – soit un peu plus de 60% des effec­tifs – à faire leur ren­trée au sein de l’établissement, cer­taines for­ma­tions peinent encore à leur faire de la place. L’école ne comp­tait d’ailleurs qu’un tiers d’enseignantes en 2019. Une inéga­li­té qui s’exprime notam­ment dans le sec­teur du desi­gn gra­phique, où la majo­ri­té des professeur·es et étudiant·es sont des hommes. « Certaines étu­diantes ou ensei­gnantes ont témoi­gné res­sen­tir une gêne dans ces milieux encore très mas­cu­lins », pré­cise Alexandra Piat, d’ailleurs fraî­che­ment diplô­mée en 2020 dans ce cursus. 

Le pro­jet Chères toutes est par ailleurs sou­te­nu par la direc­tion de l’École natio­nale des Arts Décoratifs, qui a signé en décembre 2018 une charte pour l’égalité entre les genres, annexée depuis au règle­ment inté­rieur de l’institution. « L’ENSAD a voca­tion à être bien­veillante et inclu­sive, sou­ligne Emmanuel Tibloux, son direc­teur depuis 2018. Nous sou­te­nons le pro­jet Chères toutes afin que cela puisse ins­tau­rer un ter­rain pro­pice à la libé­ra­tion de la parole au sein de l’école. » Preuve de l’utilité du pro­jet : la direc­tion a depuis enga­gé des pro­cé­dures dis­ci­pli­naires à la suite de cer­tains entre­tiens met­tant en lumière des agres­sions et dis­cri­mi­na­tions sexistes et sexuelles. 


Soirées de lancement

Trois soi­rées radio­pho­niques ani­mées par des étu­diantes de l’école et des membres du col­lec­tif accom­pagnent éga­le­ment le lan­ce­ment du site Chères toutes. Elles se tien­dront le 19, 20 et 21 mai à 18h et seront retrans­mises en live sur revuedecor.fr

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