En occitan, L’Hospitalet signifie « l’abri », « le refuge ». Ce village de l’Ariège porte bien son nom puisque, à l’initiative de quelques habitant·es, il a décidé de créer en son sein la Maison des cimes pour accueillir des mères seules et leurs enfants. Une façon, aussi, de lutter contre la désertification. Un projet unique en France, qui devrait faire des émules.
C’est un petit village coincé à 1 440 mètres d’altitude entre les montagnes, l’Ariège, la ligne SNCF et une centrale hydroélectrique. En toile de fond, les cimes des Pyrénées couvertes de leur blanc manteau. Depuis quelque temps, à L’Hospitalet-près‑l’Andorre, un lieu unique en France a ouvert ses portes. On l’appelle la Maison des cimes. Dans cette bâtisse de pierres et de bois située en plein cœur du village, on accueille depuis un an des mères seules avec leurs enfants venu·es de toute la France. À l’origine de ce projet, la mobilisation d’un groupe de villageoi·ses pour tenter de survivre à la désertification tout en aidant des femmes fragilisées.
Ici, chaque famille, pour la plupart orientées par le Service intégré de l’accueil et de l’orientation (SIAO) 1, peut rester le temps dont elle a besoin, généralement entre un et deux ans, dans un appartement meublé, indépendant, pour un loyer de 350 euros environ par mois pour un T3 (avec les APL, restent à leur charge entre 50 et 100 euros par mois). Dans les étages, des espaces séparés pour retrouver tranquillité et intimité et, au rez-de-chaussée, des espaces communs, dont une cuisine baignée de lumière où habitant·es de la Maison des cimes et villageoi·ses peuvent se retrouver autour de la grande table en bois.
Celles qui veillent sur cette demeure et ces familles à temps plein, ce sont Joséphine Kersani et Julie Edo, respectivement coordinatrice du projet et conseillère en économie sociale et familiale. Elles sont salariées de France Horizon, l’association gestionnaire de la maison. Ensemble, elles proposent aux femmes un accompagnement individualisé pour réfléchir à un projet de vie. « Les femmes qui sont là ont été pour la plupart victimes de violences. Ce n’était pas forcément la vocation unique de ce lieu, au départ, mais les besoins sont bien là », confie Julie. « Nous les suivons dans leurs démarches administratives, juridiques, de santé, ou auprès de Pôle emploi », explique Joséphine.

Mais, avant d’en arriver là et de pouvoir accueillir ces familles, il a fallu… huit années ! « Ce qui fait l’ADN de ce projet, c’est qu’il est parti des habitants, des besoins du territoire », rappelle Joséphine. Dans les années 1990–2000, le village, comme[…]