Elle a un métier hors du commun. Johanna Villenave-Chasset s’est spécialisée dans l’entomologie, l’étude des insectes, et vadrouille un peu partout en France pour comprendre leur impact sur les parasites. Les agriculteurs et agricultrices à la recherche d’une alternative biologique aux pesticides lui disent merci. Et nous aussi !

Sa panoplie laisse rêveur·se. Un filet à papillons dans une main, un aspirateur à bouche pour collecter les petites bêtes dans l’autre, Johanna Villenave-Chasset semble tout droit sortie d’un livre pour enfants. Dans les allées d’un verger de la Marne, elle s’adonne à son activité favorite pour le moins déroutante : la chasse aux insectes. La quarantaine tout juste passée, la Nantaise d’origine exerce comme entomologiste depuis douze ans pour son laboratoire de recherche appliquée, Flor’Insectes. Sa passion et son métier tournent autour de l’étude des insectes. Et plus précisément des insectes auxiliaires, les prédateurs de ce monde minuscule, capables d’éradiquer les parasites ennemis de tout agriculteur. Les coccinelles sont les plus connues, mais les syrphes, sortes de petites mouches rayées, ou encore les chrysopes, bestioles vertes filiformes à quatre ailes, jouent un rôle fondamental. Elles se régalent de pucerons ou de cochenilles, des ravageurs qui peuvent détruire des cultures entières.
Johanna Villenave-Chasset connaît tout cela par cœur puisqu’elle conseille en ville comme à la campagne les cultivateurs – agriculteurs, viticulteurs, maraîchers, jardiniers – pour faire revenir ces auxiliaires et tenter ainsi de diminuer au maximum la consommation de pesticides. Elle précise aussitôt : « Je suis entomologiste et écologiste. Je cherche à comprendre pourquoi tel ou tel insecte est là et quels liens il entretient avec les paysages. » Quelles fleurs choisir ? Où placer des haies ? Tant de questions essentielles auxquelles répondre pour que ces alliés du jardinier reviennent dans les cultures et jouent leur rôle de destructeurs de parasites.
Les polémiques croissantes autour des effets des pesticides donnent une nouvelle envergure à son métier. Le glyphosate, lié depuis toujours à l’image de l’herbicide Roundup, crée la controverse. Et il est loin d’être le seul. La prise de conscience s’accélère et l’entomologiste en voit les effets immédiats : « Depuis l’interdiction des néonicotinoïdes [des insecticides, ndlr] en septembre [2018], les agriculteurs se posent de plus en plus de questions. La demande est beaucoup plus importante. Ça a même explosé. Il faut bien qu’ils trouvent d’autres moyens pour lutter contre les ravageurs. » Johanna Villenave-Chasset leur offre une alternative convaincante, renforcée par ses lumières en matière de bêtes à six pattes.
Scientifique visionnaire
Son goût pour cet univers du tout-petit, elle l’a découvert à la fin des années 1990, lors de ses études de biologie à[…]