
« Jeanne et moi on est amies d’enfance « à la vie, à la mort » depuis notre premier amour partagé, Léo, le beau gosse du CP. Mis à part Léo, on a aussi partagé les jeux, l’adolescence, les rêves, les premières fois.
On aimait beaucoup la liberté, les mobylettes, les olives aux anchois, la vie qui va vite, qui donne des frissons, se mettre la tête à l’envers, en musique, en joints, en alcool. On a connu beaucoup de fins de soirées épiques, titubantes, on se fichait des matins douloureux, le crâne lourd et la paupière gonflée. On était jeunes, ivres, invincibles.
Et puis je suis partie ailleurs faire les études, une vie, des enfants. Elle est restée au village. À chaque retour au bled, je voyais Jeanne. Inchangée, toujours libre, sans famille.
À chaque fois, nous avions de nouveau 15 ans, on mettait la musique à fond, on pogotait dans un nuage de fumée en éclusant des litres de bière tout en hurlant les refrains en mauvais anglais.
Mon foie mettait de plus en plus de temps à s’en remettre, mais Jeanne pouvait recommencer dès le lendemain midi à décapsuler les bouteilles avec son briquet, parce qu’« il faut vite rallumer la chaudière si tu[…]