Militant de la lutte contre le sida, le Dr Kpote intervient depuis une vingtaine d’années dans les lycées et centres d’apprentissage d’Île-de-France comme « animateur de prévention ». Il rencontre des dizaines de jeunes avec lesquel·les il échange sur la sexualité et les conduites addictives.

L’assassinat de Samuel Paty m’a rappelé que nous pratiquions nous aussi un métier exposé, avec du contenu sexo à manier comme de la nitro. Des moments tendus sur fond de religion, j’en ai connu, mais en évitant la posture frontale, on réussit toujours à dépasser les clivages. La décentration émotionnelle n’étant pas vraiment une caractéristique de l’adolescence, c’est aux adultes de faire l’effort de décaler les débats, en évitant soigneusement l’attitude paternaliste de celui ou celle qui pense apporter la lumière.
Quoi qu’il advienne, pour parler de sexualité, de caricatures ou de « choses qui fâchent » à une classe, nous n’aurons plus la même légèreté. La mémoire du professeur décapité nous accompagnera forcément. Mais pour honorer celle-ci, je préfère interroger le fond et la forme de ce que je transmets, plutôt que de servir la soupe républicaine. Pour partager nos valeurs, soyons inclusif·ives dans l’expression de celles-ci. Ça ne tuera pas la laïcité, mais la rendra accessible à chacun·e. Qui peut affirmer que dans une société plurielle nous devrions tous et toutes avoir la même définition de la liberté d’expression ? Imposer cette vision univoque des choses, inviter les[…]