Classe Libre credit TS PRODUCTIONS 15 31 12
Classe libre © TS PRODUCTIONS

"Classe libre" : un docu­men­taire pas­sion­nant sur le tra­vail d'un inter­ve­nant vie affec­tive et sexuelle au bahut

Au rythme des sai­sons d'une année sco­laire entière, la camé­ra de la réa­li­sa­trice Clara Elalouf suit le Dr Kpote, de son vrai nom Didier Valentin, dans une série de ren­contres avec des lycéen·nes strasbourgeois·es pour par­ler sexe et amour.

Depuis des années qu'on le lit dans Causette nous racon­ter chaque mois ses inter­ac­tions avec des collégien·nes et des lycéen·nes lors de ses inter­ven­tions en tant qu'animateur en san­té sexuelle, on rêvait de pou­voir voir le Dr Kpote à l'oeuvre sans son filtre d'appréciation. C'est désor­mais pos­sible grâce à l'excellent docu­men­taire Classe libre, en accès libre sur la pla­te­forme en ligne de France 3 Grand Est dès ce ven­dre­di 2 juin et durant un mois.

Au rythme des sai­sons d'une année sco­laire entière, la camé­ra de la réa­li­sa­trice Clara Elalouf suit le Dr Kpote, de son vrai nom Didier Valentin, dans une série de ren­contres avec des élèves d'un lycée de Strasbourg, âgé·es de 15 à 18 ans. Cette tren­taine d'adolescent·es par­ti­cipe à une expé­rience inédite : celle de suivre des cours d'éducation à la vie affec­tive et sexuelle avec le même inter­ve­nant toute l'année, alors que la loi de 2001 exi­geant trois séances par classe et par an depuis l'école pri­maire n'est encore que très peu res­pec­tée.

Relations filles-​garçons, consen­te­ment, plai­sir, homo­pho­bie, tran­si­den­ti­té, slip chauf­fant, amour… Les échanges de la Classe libre stras­bour­geoise sont aus­si foi­son­nants que les chro­niques du Dr Kpote. Quinquagénaire au look mods et à la verve punk, il se donne, au-​delà de sa mis­sion offi­cielle qui est d'informer sur des fon­da­men­taux (res­pect de l'autre, contra­cep­tion, ana­to­mie…), l'ambition de bous­cu­ler des repré­sen­ta­tions sté­réo­ty­pées déjà bien ancrées chez certain·es de ces jeunes. Ses méthodes ? Une écoute active et empa­thique sans juge­ment (bien que cer­taines asser­tions into­lé­rantes doivent par­fois lui écor­cher les oreilles), un titille­ment de la curio­si­té natu­relle de ces ados (il faut le voir faire pas­ser de main en main avec le plus grand des sérieux une repré­sen­ta­tion à échelle et en sili­cone de l'anatomie d'une vulve, cli­to­ris com­pris) et un humour un peu pro­voc' qui désta­bi­lise puis rap­proche son audi­toire (« Maintenant, on parle de trouple aus­si. Vos parents, ils sont pas en trouple, par exemple ? »).

Garçons bégueules, filles féministes

Le tout donne un lieu à des échanges suc­cu­lents. « Vous par­lez sexua­li­té avec vos parents ? Non ? C'est tabou ? – Si elle entend le mot "fille" de ma bouche… – Ah ouais ? Elle pré­fère que tu lui parles de gar­çons ? » De quoi déclen­cher l'hilarité géné­rale chez ces jeunes gens qui ont déjà des idées très arrê­tées sur ces ques­tions. Classe libre montre des gar­çons bégueules qui ne veulent sur­tout pas que leur futur enfant soit homo­sexuel mais côtoient sans trop d'encombre visi­ble­ment d'autres gars ouver­te­ment gay dans le même internat. 

Didier Valentin credit TS PRODUCTIONS
Didier Valentin © TS PRODUCTIONS

Le docu­men­taire donne à voir éga­le­ment, et c'est réjouis­sant, des jeunes filles au carac­tère fémi­niste déjà bien affir­mé, qui n'hésitent pas à croi­ser le fer avec les gar­çons les plus arrié­rés – ou sim­ple­ment fan­fa­rons ? – sur ces sujets. Sans le moindre com­men­taire, Classe libre capte des moments de grâce, que ce soit dans l'alliance des filles pour clouer le bec à des petits mecs qui ont osé leur dire que l'égalité était acquise, mais aus­si dans les récon­ci­lia­tions tac­tiles après les engueu­lades autour de sujets qui, sommes toutes, les passionnent. 

Et puis, une der­nière scène noue le ventre d'émotion lorsque Didier Valentin fait ses adieux à ces jeunes gens en fleur qui se seront atta­chées à ce per­son­nage venu semer en eux des graines de tolé­rance pour autrui et d'estime envers eux-​mêmes. Un docu­men­taire impres­sion­nant, que l'on vou­drait mas­si­ve­ment dif­fu­sé à l'Assemblée et au gou­ver­ne­ment pour mon­trer l'importance capi­tale de ces espaces de réflexion et d'échanges autour des sujets fon­da­men­taux que sont l'amour et le sexe dans l'édification de jeunes adultes.

Classe libre, de Clara Elalouf, dis­po­nible du 2 juin au 2 juillet sur la pla­te­forme en ligne de France 3 Grand Est. Diffusé le jeu­di 8 juin sur France 3 Grand Est en deuxième par­tie de soirée.

Lire aus­si l Éducation à la sexua­li­té : 60% des parents ignorent que les séances sont obligatoires

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