Une semaine après avoir déclaré que son mari Roman Polanski « n'avait pas besoin de violer » parce que « toutes les femmes voulaient coucher avec lui », l'actrice Emmanuelle Seigner a présenté des excuses en demi-teinte dans l'émission Quelle époque ! sur France 2.
« C'était une phrase maladroite, je me suis mal exprimée, je m'en excuse. » C'est avec ces mots qu'Emmanuelle Seigner a tenté d'amender ses propos tenus dimanche 16 octobre dans l'émission Sept à huit sur TF1, dans lquelle elle disait que Roman Polanski « n'avait pas besoin de violer » parce que « toutes les femmes voulaient coucher avec lui ». Une semaine plus tard, c'est dans l'émission Quelle époque ! sur France 2 diffusée dimanche 23 octobre que l'actrice a choisi de revenir sur la polémique qu'avait suscité sa défense de son mari. Ce dernier est accusé par douze femmes, anonymes ou pas, de viols ou d'agressions sexuelles. La plupart étaient mineures au moment des faits supposés.
« Ce que je voulais dire, c'est que quand je l'ai connu en 85, il était extrêmement courtisé par beaucoup de femmes, beaucoup de jeunes filles, a‑t-elle poursuivi après ses excuses. Et pour moi ce n'était pas toujours marrant, parce que lui ne me donnait jamais de raison d'être jalouse mais ce n'était pas toujours agréable, c'est ça, ce que je voulais dire en fait. » En réaction à cette argumentation qui contourne le problème de fond, la journaliste Léa Salamé rétorque : « J'entends bien mais on ne parle pas de séducteur, on parle d'accusations de viols et d'agressions sexuelles. Et donc dire "mon mari, toutes les femmes voulaient coucher avec lui, c'est pour ça que ce n'est pas un violeur", on sait bien que ce n'est pas un argument. » « Bien sûr », concède alors Emmanuelle Seigner.
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Au cours de l'émission, l'actrice qui fait paraître le 26 octobre le livre Une vie incendiée, retraçant l'arrestation en 2009 en Suisse de Roman Polanski dans le cadre de l'affaire Samantha Geimer, reçoit le soutien de l'animateur Christophe Dechavanne. « Je vais me faire allumer sans doute aussi par les réseaux sociaux mais je trouve que la démarche d'Emmanuelle est extrêmement courageuse, malgré tout. Je la trouve – comment dirais-je – assez épatante et c'est une grande preuve d'amour. […] Venir défendre son mari dans une affaire comme celle-là, à la télévision ou ailleurs dans les médias, je trouve que c'est très très courageux », insiste-t-il.
« 14 ans dans trois semaines »
Sur le fond, Emmanuelle Seigner ne dévie pas de son soutien indéfectible au réalisateur. Lorsque Léa Salamé revient sur les circonstances du viol de Samantha Geiner, 13 ans au moment des faits, pour lequel Roman Polanski a été condamné aux Etats-Unis en 1977, l'actrice l'interrompt pour indiquer : « 14 ans dans trois semaines ». Si elle a rapporté dans son livre avoir contacté Carla Bruni, à l'époque première dame, pour obtenir son soutien lors de l'arrestation de 2009 en Suisse, l'actrice ne « se rappelle plus » de ce que Carla Bruni lui a alors dit. Emmanuelle Seigner préfère insister sur la « fragilité » de Roman Polanski placé en prison par les autorités suisses à 76 ans. « Je vis avec mon mari depuis 1985, je ne suis pas une femme sous emprise. […] Mon mari n'est absolument pas violent, je le saurais. » Quant à Dechavanne, dans une étonnante démonstration sur les expertises psychiatriques judiciaires auxquelles s'est soumis Roman Polanski aux Etats-Unis, il tient à rappeler le contexte personnel du réalisateur, « dont les parents ont été exécutés dans le ghetto de Varsovie, [et qui] a eu une histoire épouvantable avec sa première femme Sharon Tate [assassinée en 1969 à Los Angeles]. »