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Violences sexistes et sexuelles : un homme sur deux ne demande tou­jours pas l’accord de sa par­te­naire avant de l’embrasser

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© Capture d'écran du sondage Simone Média

Cinq ans après le début du mou­ve­ment Me Too, Simone Média, en col­la­bo­ra­tion avec l'association En Avant Toute(s), publie ce jeu­di un son­dage sur l'impact qu'a eu le mou­ve­ment sur « le com­por­te­ment des hommes vis-​à-​vis du consen­te­ment et des vio­lences sexistes et sexuelles ».

Après la publi­ca­tion du der­nier rap­port du Haut Conseil à l’Egalité (HCE) en jan­vier der­nier qui dres­sait un bilan alar­mant du sexisme en France, c'est au tour de Simone Média, en col­la­bo­ra­tion avec l’association En Avant Toute(s), de s'emparer de la ques­tion des vio­lences sexistes et sexuelles. En inter­ro­geant uni­que­ment des hommes de plus de 18 ans, l'enquête cherche à connaître l'impact du mou­ve­ment Me Too sur « le com­por­te­ment des hommes vis-​à-​vis du consen­te­ment et des vio­lences sexistes et sexuelles [VSS] », cinq après le début du mou­ve­ment. Une manière péda­go­gique de les sen­si­bi­li­ser, en posant « les bonnes ques­tions » pour « qu’ils aient envie de chan­ger par eux-​même », explique Louise Delavier, porte-​parole de l’association En Avant Toute(s).

Question méthode, le son­dage a été réa­li­sé auprès d’un échan­tillon de 1115 hommes adultes, de mi novembre à mi jan­vier, via la pla­te­forme Google Forms – les répon­dants ne consti­tuent donc pas un échan­tillon repré­sen­ta­tif de la popu­la­tion mas­cu­line fran­çaise. Toutes les réponses aux ques­tions étaient obli­ga­toires, sauf celle concer­nant l’orientation sexuelle. 

Les résul­tats per­mettent « d’éclairer des réa­li­tés invi­si­bi­li­sées », selon Louise Delavier. Ainsi, selon le son­dage, les com­por­te­ments inap­pro­priées des hommes vis-​à-​vis des femmes per­du­re­raient. En regar­dant dans le détail, trois quarts des hommes (75,3 %) ont répon­du oui à la ques­tion : « Avez-​vous déjà pen­sé que l’un de vos proches/​amis/​collègues/​connaissances avait un com­por­te­ment inap­pro­prié envers les femmes ? ». Pire encore, ils sont 77,7 % à affir­mer avoir été direc­te­ment témoins d'un com­por­te­ment inap­pro­prié de la part d'un proche sur une femme. 

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La jour­na­liste à l’origine de cette enquête, Chloé Thibaud, raconte qu' « après avoir réa­li­sé plu­sieurs enquêtes met­tant en lumière les réa­li­tés vécues par les femmes vis‑à-vis des vio­lences sexistes et sexuelles, [elle a] sou­hai­té per­mettre aux hommes de prendre la parole sur ces ques­tions, beau­coup [lui] ayant déjà expri­mé leur sen­ti­ment d'être “tous ran­gés dans le même sac" ». En effet, sept hommes sur dix inter­ro­gés consi­dèrent que la socié­té géné­ra­lise, en consi­dé­rant que « les hommes sont tous sexistes » et quatre sur dix estiment car­ré­ment qu’on « s’acharne sur les hommes ».

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Des vio­lences sexistes et sexuelles persistantes

À tra­vers les réponses du son­dage, on apprend qu'une très grande majo­ri­té des hommes (93,8 %) rap­portent n'avoir jamais été témoins, dans le cadre d'une soi­rée ou dans en contexte de groupe, d’une scène où un proche, ami, ou une connais­sance, essayait d’avoir ou avait un rap­port sexuel avec une per­sonne endor­mie. Et ils sont 80,2 % à n'avoir jamais été témoins d’une scène où un proche avait un rap­port sexuel avec une per­sonne ivre ou dro­guée. Une réa­li­té qui s'explique quand on sait que, selon les chiffres du gou­ver­ne­ment, 47% des viols se passent à l'abri des regards, c'est-à-dire au sein du couple. 

Si, en grande majo­ri­té, les hommes n'ont pas été témoins de VSS, le son­dage met en lumière leur manque de prise de conscience sur la néces­si­té d'agir face à de telles scènes. Parmi le petit tiers d'hommes ayant déjà été témoins de VSS, seule­ment 9,3 % sont inter­ve­nus pour empê­cher l'agresseur d'agir.

54,5% des hommes ne demandent pas sys­té­ma­ti­que­ment à son·sa par­te­naire s’il·elle est consentant·e avant de l’embrasser

Encore du tra­vail autour du consentement 

Cinq ans après MeToo, le reten­tis­se­ment sur les hommes est peu satis­fai­sant. Moins d'un homme sur deux estime que le mou­ve­ment Me Too a eu un impact sur son com­por­te­ment. Ainsi, bien qu'ils soient 80,3 % des hommes à affir­mer s'être tou­jours assu­rés de s'arrêter avant ou pen­dant un acte sexuel si leur par­te­naire expri­mait un doute ou ne répon­dait pas, sans la ou le culpa­bi­li­ser, un quart d'entre eux ont déjà insis­té pour obte­nir une rela­tion sexuelle. Et pire encore, 54,5 % des hommes ne demandent pas sys­té­ma­ti­que­ment à son·sa par­te­naire s’il·elle est consentant·e avant de l’embrasser, de la cares­ser, ou d'avoir un rap­port sexuel. 

Le son­dage inter­roge éga­le­ment les hommes sur la dif­fu­sion de pho­tos intimes, et un homme sur dix (10,3 %) révèle avoir déjà envoyé une pho­to de son sexe ou d’une par­tie intime de son corps sans qu’on le lui ait deman­dé. Et encore 13,8 % des hommes insistent pour avoir des pho­tos intimes de leur partenaire. 

Si le rap­port du HCE concluait que 12 % des femmes inter­ro­gées avaient déjà eu un rap­port sexuel non pro­té­gé devant l’insistance de leur par­te­naire, on peut se deman­der en par­cou­rant les résul­tats du son­dage Simone Média où sont les hommes qui refusent de por­ter un pré­ser­va­tif. Ainsi, ils ne sont que 3,9% petits pour­cents à admettre l'avoir fait ou avoir reti­ré leur pré­ser­va­tif au cours d’un rap­port sexuel sans l’accord de leur par­te­naire (même s'ils savaient que cela ne repré­sen­tait aucun risque). 

Alors que l'étude du HCE avait de quoi déses­pé­rer du degré de sexisme des hommes, les résul­tats de ce qui reste ici un simple son­dage « démontrent une prise de conscience de la gente mas­cu­line vis-​à-​vis des vio­lences sexistes et sexuelles dont peuvent être vic­time les femmes », indique Céline Daugenet, rédac­trice en chef adjointe de Simone Media. Et si elles res­tent à nuan­cer, ces conclu­sions ont au moins « aidé [les hommes] à prendre conscience de com­por­te­ments pro­blé­ma­tiques aux­quels ils n’avaient jamais réflé­chi avant », selon Chloé Thibaud. 

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