green leafed plant
© Nikoline Arns

Présidentielle 2022 : Yannick Jadot veut ins­tau­rer des cours de « savoirs pra­tiques » pour le climat

Dans son pro­gramme, le can­di­dat EELV pro­pose l'instauration dans les col­lèges et lycées d'au moins deux heures par semaine de cours par semaine sur l'écologie concrète. 

« Pour le cli­mat, nous ouvri­rons l’école sur les savoirs pra­tiques et son envi­ron­ne­ment », pro­met Yannick Jadot dans la rubrique édu­ca­tion (« Pour un ser­vice public de l’éducation juste et accueillant ») de son pro­gramme pré­si­den­tiel. Dans le concret, le can­di­dat EELV sou­haite ins­tau­rer « pour tous les élèves des espaces d’acquisition des savoirs pra­tiques – répa­ra­tion, cui­sine, jar­di­nage, construc­tion… – avec un mini­mum de deux heures par semaine ».

Actuellement, la sen­si­bi­li­sa­tion à l'écologie, la bio­di­ver­si­té et à la lutte contre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique passe dans les pro­grammes sco­laires par l'éducation au déve­lop­pe­ment durable (EDD) qui est, explique le minis­tère de l'Education natio­nale sur sa page dédiée, une « édu­ca­tion trans­ver­sale ». Cela signi­fie que cette EDD ne fait pas l'objet d'un cours spé­ci­fique mais que « les enjeux du déve­lop­pe­ment durable » sont cen­sés être dis­til­lés dans plu­sieurs pro­grammes de cours (Sciences et vie de la terre, géo­gra­phie, édu­ca­tion morale et civique…) tout au long du par­cours sco­laire des élèves dès la pri­maire. « Cette édu­ca­tion trans­ver­sale peut même se retrou­ver dans les cours de math, dans les­quels les pro­fes­seurs peuvent choi­sir de faire plan­cher les élèves sur un pro­blème de voi­ture élec­trique, observe Elsa Grangier, direc­trice géné­rale de l'ONG Ashoka, qui accom­pagne des entrepreuneur.ses sociaux dans leurs pro­jets et autrice du livre Rêver grand, ces enfants qui s'engagent pour la pla­nète (Seuil). Mais c'est donc à la dis­cré­tion de l'enseignant ou du chef d'établissement, selon sa propre sen­si­bi­li­té au sujet. » Pour com­plé­ter le rôle de l'école comme vec­teur de trans­mis­sion des enjeux éco­lo­giques (dont le prin­cipe date d'une cir­cu­laire de 1977), l'actuel gou­ver­ne­ment a mis en place en 2019 le dis­po­si­tif des « éco-délégué·es ». Ces dernier·ères, sur volon­ta­riat, tra­vaillent au pro­jet éco­lo­gique d'un éta­blis­se­ment sco­laire, qu'il s'agisse d'un pota­ger ou d'un poulailler.

"Ouvrir aux métiers de demain"

La pro­po­si­tion du can­di­dat EELV est donc une inno­va­tion, en ce sens qu'elle ins­ti­tue­rait pour la pre­mière fois des cours dédiés à l'écologie, au col­lège et au lycée. Chargée du pro­gramme édu­ca­tif de Yannick Jadot, Djéhanne Gani en explique à Causette l'esprit : « Nous avons choi­si de faire démar­rer ces cours au col­lège car en pri­maire, les ensei­gnants ont déjà une forte culture manuelle et que le col­lège est un peu le parent pauvre de la sco­la­ri­té – notre pro­gramme péda­go­gique met donc l'accent sur cette période. C'est d'ailleurs au moment de l'entrée en secon­daire que se cris­tal­lise le des­tin des élèves. Certains sont orien­tés sans qu'ils en aient vrai­ment envie dans les voies pro­fes­sion­nelles. Or, faire place à tous les savoirs, c'est faire place à tous les élèves : un élève en dif­fi­cul­té sur des matières tra­di­tion­nelles peut se révé­ler à l'occasion de ces cours de savoir-​faire éco­lo­giques, qui ouvrent aus­si aux métiers de demain, comme ceux de la répa­ra­tion. Enfin, cela per­met à ce que toute une géné­ra­tion soit sen­si­bi­li­sée au sujet, de manière à sor­tir ces savoirs-​là d'un capi­tal cultu­rel familial. »

Ces deux heures par semaine seront, au choix, dis­pen­sés par des professeur·ses qui ont envie de s'y inves­tir ou par des asso­cia­tions ou encore arti­sans ou indus­triels. « Notre pro­gramme édu­ca­tif com­plet repose sur une approche nou­velle, une péda­go­gie de la coopé­ra­tion dans laquelle les équipes s'emparent des idées direc­trices et les appliquent avec la liber­té néces­saire pour que cela fasse sens loca­le­ment », déve­loppe Djéhanne Gani.

L'école, "ber­ceau de l'engagement citoyen"

Pour Elsa Grangier, l'idée est bonne parce que « l'école reste le ber­ceau de l'engagement citoyen » et se rap­proche d'initiatives asso­cia­tives telles que celle de Kinomé, dont l'objet est de faire en sorte que chaque élève de 6ème ait plan­té un arbre au moins une fois dans leur vie. D'ailleurs, l'un des pro­jets actuel­le­ment por­té par Ashoka France est « Ta voix compte », un mou­ve­ment ras­sem­blant les idées d'adolescent·es et jeunes adultes pour la pré­si­den­tielle, dans laquelle l'écologie a fait par­tie des thèmes dans les­quels les jeunes se sont le plus investi·es. Le 15 mars, deux ambas­sa­deurs de Ta voix compte ont ren­con­tré Yannick Jadot* pour lui sou­mettre deux des idées les plus plé­bis­ci­tées par le vote des inter­nautes : la pre­mière pro­pose de créer des binômes jeunes-député·es, qui confron­te­raient leurs idées poli­tiques tout au long du man­dat du second. La deuxième res­semble un peu à celle du can­di­dat EELV : « Et si on inté­grait dans la for­ma­tion ini­tiale et conti­nue des pro­fes­seurs les ensei­gne­ments de la tran­si­tion éco­lo­gique pour qu'ils soient dif­fu­sés aux élèves dès la mater­nelle ? »

*Des ren­contres avec d'autres candidat·es sont pré­vues dans les jours qui viennent.

Vous êtes arrivé.e à la fin de la page, c’est que Causette vous passionne !

Aidez nous à accom­pa­gner les com­bats qui vous animent, en fai­sant un don pour que nous conti­nuions une presse libre et indépendante.

Faites un don
Partager

Cet article vous a plu ? Et si vous vous abonniez ?

Chaque jour, nous explorons l’actualité pour vous apporter des expertises et des clés d’analyse. Notre mission est de vous proposer une information de qualité, engagée sur les sujets qui vous tiennent à cœur (féminismes, droits des femmes, justice sociale, écologie...), dans des formats multiples : reportages inédits, enquêtes exclusives, témoignages percutants, débats d’idées… 
Pour profiter de l’intégralité de nos contenus et faire vivre la presse engagée, abonnez-vous dès maintenant !  

 

Une autre manière de nous soutenir…. le don !

Afin de continuer à vous offrir un journalisme indépendant et de qualité, votre soutien financier nous permet de continuer à enquêter, à démêler et à interroger.
C’est aussi une grande aide pour le développement de notre transition digitale.
Chaque contribution, qu'elle soit grande ou petite, est précieuse. Vous pouvez soutenir Causette.fr en donnant à partir de 1 € .

Articles liés