Chaque mois, un chercheur, une chercheuse, nous raconte son travail sans jargonner. Anne Dupuy* s’intéresse depuis plusieurs années au lien entre alimentation et plaisir, ainsi qu’aux processus de socialisation alimentaire. Elle nous explique pourquoi la nourriture est une telle source de bien-être en temps de crise.
Causette : Quelle est la place du plaisir dans la sociologie
de l’alimentation ?
Anne Dupuy : Il n’existe pas vraiment d’attrait de la sociologie pour cette question-là, parce que le plaisir est par excellence l’objet le plus « futile » qui soit. La notion de plaisir renvoie à une dimension trop fortement corporelle et à toutes les questions qui sont rattachées à l’expression des émotions. On est donc très peu à s’y être intéressé en France.
Du côté des consommateurs, quelle est la place du plaisir dans l’alimentation ? Est-ce quelque chose d’essentiel ?
A. D. : La question du plaisir est très présente quand on parle d’alimentation, en particulier en France. Dans notre pays, on observe une très grande importance du plaisir convivial – le[…]