À Montpellier, un jeune psychiatre milite pour le droit des schizophrènes à avoir une vie normale. À coups de tweets, de tribunes et de conférences, il désintègre les clichés sur la maladie. Quitte à bousculer l’ordre établi.

Un après-midi du mois de mars, à la Gazette Café, un café culturel branché au cœur de Montpellier (Hérault). Salle comble. Chemise à carreaux, manches relevées, tennis blanches, la barbe gentiment hipster, un jeune homme tient l’auditoire en haleine, balançant en rythme slides et vidéos. Le discours est clair et efficace, le micro manié avec décontraction. On croirait la présentation d’un geek de la Silicon Valley. C’est une intervention du psychiatre Nicolas Rainteau, 33 ans, responsable du centre Jean Minvielle (une unité psychiatrique du CHU de Montpellier). Sujet du jour : les nouvelles technologies au service des personnes souffrant de troubles psychiques. Le toubib étrille allègrement les lieux communs sur la schizophrénie. Ce show, il le fait à chaque fois qu’il peut, souvent devant des parents de jeunes gens récemment diagnostiqués, désemparés.
Dédiaboliser la schizophrénie, c’est l’objectif de Nicolas Rainteau. « C’est l’une des maladies mentales les plus stigmatisées. Elle fait peur… », lâche le jeune psychiatre. Les « schizos », comme on les appelle trop souvent (environ 600 000 personnes en France), seraient violents, dangereux, imprévisibles… La faute, entre autres, au cinéma qui adore (mal)traiter la schizophrénie et en faire une figure angoissante de psychopathe, sans cesse à l’écoute d’une petite voix intérieure (Psychose, Fight Club, Shutter Island…). Résultat, quatre Français·es sur cinq confondent – à tort – schizophrénie et dédoublement de la personnalité. « Une caricature, tranche Nicolas. Les symptômes les plus impressionnants sont des hallucinations, des idées délirantes, un sentiment de persécution. Quand des patients entendent des voix, celles-ci les[…]