3 questions à Charlotte Baudet-Benzitoun, secrétaire générale adjointe de l’Organisation nationale syndicale des sages-femmes (ONSSF).
Causette : Après deux mois de grèves des sages-femmes, quel bilan tirez-vous ?
Charlotte Baudet-Benzitoun : La mobilisation est très suivie, que ce soit dans le public, le privé, la fonction publique territoriale ou en libéral. Après, c’est le problème de tout mouvement dans la santé : on fait grève, mais comme il y a des réquisitions de personnels, ça ne se voit pas forcément. Dans le privé, notamment à Toulouse, certaines ont pu tenir les salles de naissance fermées plusieurs jours. La mobilisation ne faiblit pas. C’est un peu le mouvement de la dernière chance.
Avez-vous eu des réponses du gouvernement ?
C. B.-B. : Il n’y a pas vraiment de place pour la négociation. Ce qu’il propose notamment, c’est une augmentation d’environ 500 euros mensuels. Mais ça n’est pas suffisant pour rendre la profession attractive : qui va vouloir faire cinq ans d’études, voire six, pour 2 300 euros par mois, avec des responsabilités énormes et des conditions de travail détériorées ? Au-delà de la rémunération, nos revendications portent sur la formation, le statut et les effectifs. Sans mesures fortes, nous risquons de voir disparaître les sages-femmes.
Comment la mobilisation va-t-elle se poursuivre ?
C. B.-B. : Un week-end noir est prévu du 26 au 29 novembre. Puis une semaine noire du 24 décembre au 1er janvier. Pour montrer ce qu’il se passe quand nous ne sommes pas là. Chaque jour, nous publions aussi des témoignages1 de patientes ou de sages-femmes qui ont été confrontées à des situations de mise en danger, en raison de nos conditions de travail. Car au-delà de nos problématiques, ce sont les conditions de la mise au monde et la façon dont on traite les femmes qui sont en jeu.
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- Pour témoigner : [email protected][↩]