Marguerite Steinheil, la veuve rouge de Félix Faure

Marguerite Steinheil, vous connais­sez. Si, si. C’est la « cocotte » dans les bras de laquelle le pré­sident Félix Faure est mort. Tout le monde s’est gaus­sé, Clemenceau le pre­mier qui lan­ça, en par­lant de Faure : « Il se vou­lait César, il ne fut que Pompée. » De là, le sur­nom de Marguerite : « La Pompe funèbre. » Pourtant son des­tin relève moins de la farce gro­tesque que de l’aventure rocambolesque. 

marguerite steinheil born japy 1869 1954 accused of murder she was acquitted on november 13 1909 here just before her crime
Marguerite Steinheil, née Japy (1869−1954). © Rue des Archives 

« Ça fait cent vingt ans qu’on la traite de pute… alors qu’en fait, cette femme elle était tout sauf ça », s’indigne Sylvie Lausberg, his­to­rienne et psy­cha­na­lyste, autrice d’une récente bio­gra­phie sur Marguerite Steinheil. Dans Madame S, elle rend enfin jus­tice à cette figure du début du siècle, indû­ment mépri­sée : « Son unique faute, sa grande force aus­si, aura été de tou­jours choi­sir le plai­sir et le pou­voir. […] Si elle avait écrit un chef‑d’œuvre […], on par­le­rait d’elle comme d’une égé­rie. » 

Marguerite naît en 1869, au sein d’une pros­père dynas­tie indus­trielle : la famille Japy. Une des plus impor­tantes entre­prises fran­çaises de l’époque. Le puis­sant clan Japy fait par­tie de la haute socié­té pro­tes­tante alsa­cienne. Édouard, le père de Marguerite – qu’il sur­nomme Meg – est un ori­gi­nal : à près de 40 ans, il épouse une fille d’aubergiste de 16 ans, Émilie. Il ne tra­vaille pas, jouit de ses rentes et de son châ­teau, et se prend vite de pas­sion pour sa fille. Émilie aura quatre enfants, mais Meg est la prin­cesse de son père, rien n’est trop beau pour elle. À 14 ans, il l’emmène en voyage. En amou­reux. Ils sillonnent l’Allemagne, la Suisse, l’Italie. Les rumeurs vont bon train. À 17 ans, Meg fait son entrée dans le monde, son père détourne tous les pré­ten­dants : « Tu ne trou­ve­ras jamais un homme qui t’aime autant que moi. » Mais une crise car­diaque emporte Édouard. Marguerite a 21 ans et sa famille a hâte de la caser : on lui pré­sente Adolphe Steinheil. L’homme a vingt ans de plus qu’elle, il est laid, flasque et timide. La jeune femme pouffe, c’est une blague ! On lui pré­sente d’autres par­tis, tous plus odieux. Meg réflé­chit. Steinheil est culti­vé, gen­til, au fond sup­por­table. Peintre aca­dé­mique, il jouit d’une petite renom­mée qui lui ouvre les portes des milieux bour­geois et artistes de Paris, où il demeure. Marguerite accepte. Paris vaut bien une messe… de mariage. 

Du gra­tin dans le[…]

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