Lors de manifestations, derrière la banderole qui mène la danse, sous les vêtements noirs et les visages cachés, se trouvent aussi des femmes. Tags, barricades, confrontation avec la police, elles vont « au front », en assumant une forme de radicalité de leur lutte, avant tout politique.
À peine adolescente, sensible aux causes humanitaires, Anna donnait son argent de poche à des associations. « J’avais conscience d’être une privilégiée, bien née, avec une famille aimante. » Aujourd’hui âgée de 25 ans et étudiante en médecine, la jeune femme se souvient avoir pris conscience, lors de son engagement dans des associations humanitaires, « de la position encore néocoloniale des assos françaises et de l’ingérence de l’Occident dans certains pays ». Elle s’est alors ouverte à d’autres champs de lutte, regardant de plus près les inégalités en France. D’abord street medic lors des manifestations, le basculement de son mode d’action s’opère lors des manifestations contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes près de Nantes, puis des contestations de la Loi Travail : « C’est là que s’est forgée ma pensée radicale. T’as beau être pacifiste, personne ne t’écoute. Et les forces de l’ordre, elles, sont au service d’un état répressif. » Rapidement, elle réalise qu’elle n’en veut pas aux gens qui cassent, trouve cette colère légitime. « J’ai compris qu’il y avait besoin d’un rapport de force. » Mais faire partie intégrante de ce que l’on nomme le cortège de tête ne se fait pas d’un claquement de doigt. « Au début, tu ne sais pas trop comment ça se passe quand tu tiens une banderole. Il faut comprendre la stratégie, avoir le bon équipement. Et surtout, accepter d’être face à la police qui pointe un LBD sur toi. » Les personnes qui constituent le cortège de tête sont ainsi en première ligne dans une[…]