Sanctuariser « la liberté » de recourir à l’IVG dans la Constitution grâce à un projet de loi : c'est l'annonce faite par le président de la république lors de l'hommage national rendu à Gisèle Halimi, l'avocate qui a tant fait pour le droit à l'avortement, ce 8 mars.
« Nous ne voulons plus jamais de procès de Bobigny, comme nous ne voulons plus jamais de procès d’Aix en Provence », a lancé Emmanuel Macron lors de l'hommage national rendu à Gisèle Halimi au sein du Palais de Justice de Paris mercredi 8 mars, ainsi que le rapporte Libération. En faisant référence à ces deux victoires judiciaires arrachées par l'avocate contre le système patriarcal interdisant l'avortement et couvrant de honte les femmes violées, le président de la république s'est offert un moment marquant en cette Journée internationale des droits des femmes.
Conçu pour célébrer l'infatigable combattante des droits des femmes mais aussi l'anti-colonialiste, l'humaniste, l'abolitionniste et l'alliée des homosexuel·les que fut Gisèle Halimi, l'hommage solennel aura été l'occasion pour Emmanuel Macron de reprendre à son compte une idée notamment portée par les militantes féministes : inscrire dans la Constitution le droit à l'IVG afin de lui garantir la protection du texte le plus haut placé dans la hiérarchie de notre droit.
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« Dans les prochains mois », le président s'engage donc à présenter un projet de loi constitutionnel pour « graver la liberté fondamentale des femmes » de recourir à l'avortement. Pour réviser la Constitution, il faudra que le texte soit voté dans les mêmes termes par les deux chambres du parlement lors d'un Congrès. Une majorité des trois cinquième de ses membres est nécessaire.
"Liberté" plutôt que "droit"
Cette décision intervient alors que le parlement avance, de son côté, sur une proposition de loi La France insoumise (LFI) visant à constitutionnaliser l'IVG, mesure à laquelle les Français·es sont très largement favorables comme le montrent différents sondages. Problème : alors qu'en novembre, l'Assemblée avait voté pour inscrire un « droit » à l'IVG dans le texte fondamental, c'est un texte amendé utilisant cette fois le terme de « liberté » qui a été approuvé par le Sénat – à majorité de droite – en février. Pour de nombreuses observatrices féministes, les dispositions du Sénat sont bien plus floues que celles portées à l'origine dans le texte LFI. En réponse, elles pressaient donc le gouvernement pour qu'il s'empare du sujet à travers un projet de loi.
En utilisant, lui aussi, le terme de « liberté », Emmanuel Macron semble laisser entendre qu'il épouse la vision du Sénat. « Les avancées issues des débats parlementaires à l’initiative de l’Assemblée nationale puis éclairés par le Sénat permettront, je le souhaite, d’inscrire dans notre texte cette liberté fondamentale », a‑t-il ainsi précisé.
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En ce qui concerne l'entrée au Panthéon de l'avocate, le président de la république n'a pas fait allusion, durant son discours, au débat, alors même que lundi, les services de l'Elysée avaient assuré à la presse que « la réflexion était toujours en cours » et s'inscrivait dans un « processus long ». De son côté, Jean-Yves Halimi, le fils de Gisèle Halimi présent lors de l'hommage (son frère Serge a boycotté, accusant l'Elysée de récupération politique en pleine tempête sociale sur la réforme des retraites), a lancé à sa mère lors de sa prise de parole : Tu rejoins au Panthéon de notre récit national, celles que j’appelais familièrement les deux Simone, De Beauvoir et Veil. »