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Présidentielle : « Plusieurs can­di­dats veulent mettre le paquet contre les dis­cri­mi­na­tions anti-​LGBT à l'école »

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L'Inter-LGBT a réuni les représentant·es de six candidat·es à la pré­si­den­tielle, lun­di soir, à Paris, pour les ques­tion­ner sur leurs enga­ge­ments pour les per­sonnes LGBT. Matthieu Gatipon-​Bachette, porte-​parole de la fédé­ra­tion, revient sur cette soi­rée pour Causette.

Analyser les pro­po­si­tions des candidat·es à la pré­si­den­tielle pour les LGBT. C'était le but du débat orga­ni­sé lun­di 21 mars par l'Inter-LGBT, une fédé­ra­tion d'une soixan­taine d'associations, et modé­ré par l'Association des jour­na­listes LGBT (AJL).

Six hommes et femmes poli­tiques étaient invité·es pour débattre à la Bellevilloise, une salle du 20e arron­dis­se­ment de Paris : Danièle Obono pour Jean-​Luc Mélenchon (LFI), Jean-​Luc Romero-​Michel pour Anne Hidalgo (PS), Mélanie Vogel pour Yannick Jadot (EELV), Barbara Gomes pour Fabien Roussel (PC), Tiphaine Morier pour Philippe Poutou (NPA) et Bérangère Couillard pour Emmanuel Macron (LaREM).

Toutes et tous ont été confronté·es aux 100 reven­di­ca­tions réper­to­riées par l'Inter-LGBT sur la pla­te­forme « Agir Pour », por­tant sur les droits des per­sonnes trans et inter­sexes, la lutte contre les dis­cri­mi­na­tions ou encore les thé­ma­tiques de l'éducation ou de la san­té. « Nous n'avons pas pu poser toutes les ques­tions que l'on sou­hai­tait, mais les échanges étaient riches et de qua­li­té », se féli­cite Matthieu Gatipon-​Bachette, porte-​parole de la fédé­ra­tion. Entretien.

Causette : Des représentant·es de presque tous les candidat·es étaient invité·es, sauf celles et ceux de Nathalie Artaud, de Marine Le Pen et d'Éric Zemmour. Était-​ce un choix déli­bé­ré ?
Matthieu Gatipon-​Bachette : On a invi­té les repré­sen­tants de tous les can­di­dats, sauf ceux du Rassemblement natio­nal (RN) et de Reconquête, étant don­né les dis­cours et pro­po­si­tions qu’ils tiennent sur les per­sonnes LGBT. Il s'agit de can­di­dats en oppo­si­tion avec le bien-​être et l’amélioration de la condi­tion des per­sonnes LGBT dans notre pays. Une plainte contre Éric Zemmour pour « contes­ta­tion de crime contre l’humanité » a éga­le­ment été dépo­sée ce mer­cre­di par six asso­cia­tions contre l'homophobie, dont la nôtre. Dans son der­nier livre, le polé­miste nie en effet la dépor­ta­tion des per­sonnes LGBT pen­dant la Seconde Guerre mon­diale. Cela a aus­si joué dans notre déci­sion de ne pas l'inviter.
Tous les can­di­dats ont répon­du pré­sent, sauf Nathalie Arthaud et Valérie Pécresse. Concernant cette der­nière, son par­ti Les Républicains (LR) n’avait appa­rem­ment per­sonne à nous envoyer pour la repré­sen­ter. Il n’avait peut-​être pas envie de se trou­ver en dif­fi­cul­té, car il ne pro­pose pas grand chose sur ces thèmes, voire rien.

À l'issue de ce débat, est-​ce qu'il appa­raît qu'un·e candidat·e défend mieux les ques­tions LGBT ?
M.G‑B. : On ne sou­haite pas se posi­tion­ner et dire de voter pour une per­sonne en par­ti­cu­lier. Tous les can­di­dats avaient, bien enten­du, des points forts à mettre en avant par rap­port à leur sen­si­bi­li­té. Ce qui a per­mis de sai­sir les nuances qu'il existe entre eux. Même si, dans une élec­tion pré­si­den­tielle, plu­sieurs fac­teurs existent et ce n'est pas uni­que­ment leur posi­tion sur la condi­tion des per­sonnes LGBT qui vont ame­ner les élec­teurs LGBT à voter pour eux.
La France insou­mise (LFI) est néan­moins la seule à pro­po­ser quelque chose de nova­teur en sou­hai­tant ins­crire dans la Constitution la liber­té de genre. Il s'agit d'une pro­po­si­tion qui per­met­trait de péren­ni­ser les acquis des per­sonnes trans­genres dans notre pays. Elle peut être per­çue comme sécu­ri­sante, dans un contexte où des can­di­dats très à droite de l’échiquier poli­tique ins­tru­men­ta­lisent la ques­tion trans pour faire peur et nour­rir un dis­cours trans­phobe.
Nous avons éga­le­ment remar­qué que la repré­sen­tante de La République en Marche (LaREM) était pré­sente pour défendre le bilan du gou­ver­ne­ment, plu­tôt que pour for­mu­ler de véri­tables nou­velles pro­po­si­tions. La dépu­tée l’a admis, son par­ti se trouve plu­tôt dans le bilan car pour l’instant Emmanuel Macron n’a pas for­mu­lé de pro­po­si­tions sur les per­sonnes LGBT. 

Quelles thé­ma­tiques fortes ont irri­gué le débat ?
M.G‑B. : Des ques­tions sur les tra­vailleuses du sexe, l'accueil des migrants, la PMA et les per­sonnes trans­genres ont notam­ment été posées. Mais j'ai noté qu'il y a eu une volon­té forte de plu­sieurs can­di­dats de mettre le paquet sur l’éducation à la diver­si­té, la lutte contre les dis­cri­mi­na­tions au sein des éta­blis­se­ments sco­laires et de sou­te­nir les asso­cia­tions. Nous consi­dé­rons que c’est essen­tiel car il s'agit d'un moteur de l’évolution des men­ta­li­tés pour décons­truire beau­coup de sté­réo­types qui demeurent sur les per­sonnes LGBT. 

Quel bilan tirez-​vous du quin­quen­nat d'Emmanuel Macron sur les thé­ma­tiques LGBT ?
M.G‑B. : Au cours de ces cinq ans, il y a eu des avan­cées : l'ouverture de la PMA aux femmes les­biennes et céli­ba­taires, la fin de la période d'abstinence pour les hommes gays et bis dans le don du sang, l'interdiction des thé­ra­pies de conver­sion… En tant qu'association, on connaît cepen­dant les pres­sions qui ont dû être faites pour les obte­nir. De plus, quand on porte un regard mili­tant sur ces sujets, on voit cer­taines failles et des manques de moyens. Les femmes trans­genres sont, par exemple, exclues de la PMA pour toutes. Un cor­pus légis­la­tif qui per­met des avan­cées c’est bien, mettre des moyens pour qu’il y ait une effec­ti­vi­té des droits pour les per­sonnes LGBT c’est encore un autre sujet. On ne consi­dère donc pas que rien n'a été fait, mais plu­sieurs points res­tent à améliorer. 

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