Chaque mois, un chercheur, une chercheuse, nous raconte sa thèse sans jargonner. Sabine Riss, psychologue clinicienne, vient de soutenir la sienne après avoir suivi en thérapie des dizaines de jeunes hommes détenus dans les prisons de la région marseillaise pour des faits de radicalisation.

Causette : Comment a débuté votre étude des personnes poursuivies et/ou condamnées pour détention de vidéos terroristes ?
Sabine Riss : Avant d’être chercheuse, je suis psychologue dans l’administration pénitentiaire depuis sept ans. J’ai eu l’occasion de suivre des islamistes détenus dans les quartiers ultra sécurisés des prisons, condamnés pour des faits de terrorisme « classiques » : des financeurs d’Al-Qaïda ou des anciens du Groupe islamique armé (GIA). Puis j’ai vu émerger, chez certains détenus de droit commun, une fascination pour Mohammed Merah et pour la force narrative de l’État islamique. En comparant ces expériences, j’ai constaté que les détenus de droit commun sensibles à cette propagande n’avaient strictement rien à voir avec les « terroristes classiques ». Ces derniers font la démonstration d’une pensée très structurée.[…]