« Tous pourris », « tous vendus » : les journalistes ont mauvaise presse. Pourtant, leur métier consiste justement à démêler le vrai du faux, à refuser de gober la soupe qu’on leur sert… Et si les gratte-papier étaient les héros antiquiches du quotidien ?
Tel est pris qui croyait prendre. La firme de pesticides Monsanto entendait « éduquer » les journalistes. C’était compter sans le travail d’enquête du Monde, qui a révélé la manœuvre au grand jour : le 9 mai 2019, le journal annonçait qu’une centaine d’entre eux·elles avaient été fiché·es par un cabinet de lobbying pour le compte de Monsanto, en 2016. À côté de leurs données personnelles était renseigné leur degré de disposition à se laisser convaincre par le plaidoyer pro-pesticides de la firme. Des précisions utiles, alors que la France débattait à tout rompre sur le bien-fondé de l’interdiction du glyphosate.
« Il ne s’agissait pas de pressions ni d’invitations à dîner ou de valises de billets, tempère Stéphane Horel, journaliste coautrice de l’enquête, mais de mails travaillés pour entretenir le doute et laisser à penser que les arguments de Monsanto sont un point de vue comme un autre dans le débat. » Un jeu d’influence doucereux et subtil dont les journalistes doivent se méfier en permanence pour mener leur travail à bien… afin que vous, chères lectrices et chers lecteurs, ne soyez pas pris·es pour des quiches.
Politique, économie, police, culture… Il n’existe pas de domaine où l’information ne fait pas l’objet d’une guerre de l’opinion dans laquelle les médias, et notamment les journaux papier, sont une cible de choix. « Quand tu es journaliste, tu es toujours sujet à la manipulation, car une personne te livrant une information[…]