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Le dépu­té Adrien Quatennens fera bien son retour dans les rangs de La France insoumise

1599px Assemblée Nationale Seine
©Jebulon

Alors que la sus­pen­sion d’Adrien Quatennens du groupe par­le­men­taire La France insou­mise prend fin mer­cre­di – quatre mois après sa condam­na­tion pour vio­lences conju­gales – les député·es du groupe ont déci­dé ce mar­di de sa réin­té­gra­tion dans leur rang. 

Adrien Quatennens sera bien réin­té­gré aux bancs de La France insou­mise. Les député·es insoumis·es se sont prononcé·es ce 12 avril en faveur de la réin­té­gra­tion dans leur groupe par­le­men­taire du dépu­té du Nord, sus­pen­du pen­dant quatre mois après sa condam­na­tion le 13 décembre der­nier pour vio­lences sur son ex-​compagne, Céline Quatennens. Adrien Quatennens avait déjà effec­tué son retour à l’Assemblée natio­nale mi-​janvier mais en tant que non-inscrit. 

Adrien Quatennens, 32 ans, a été condam­né en décembre dans une pro­cé­dure de plaider-​coupable, à quatre mois de pri­son avec sur­sis par le tri­bu­nal cor­rec­tion­nel de Lille, pour « vio­lences sans inca­pa­ci­té com­mises par conjoint », ain­si que pour « envoi régu­lier et mal­veillant de mes­sages » envers son épouse. Une condam­na­tion accom­pa­gnée d'une exclu­sion de quatre mois de son groupe par­le­men­taire. Demain, mer­cre­di 13 avril, la sanc­tion arrive donc à son terme.

Pour rap­pel, le retour d’Adrien Quatennens était condi­tion­né à un stage obli­ga­toire de res­pon­sa­bi­li­sa­tion sur les vio­lences faites aux femmes auprès d’associations fémi­nistes. Selon les infor­ma­tions du Parisien, l’élu aurait ren­con­tré des dif­fi­cul­tés à trou­ver une asso­cia­tion, ces der­nières récla­mant selon un de ses proches « une conven­tion de jus­tice ». D’après le quo­ti­dien, Adrien Quatennens a fina­le­ment trou­vé un stage « il y a un mois » auprès d’une asso­cia­tion avec laquelle il a conclu un « accord de confi­den­tia­li­té ». Selon le jour­nal, les séances de ce stage, qui devrait se ter­mi­ner d'ici quelques semaines, « prennent la forme d’une consul­ta­tion avec un psychologue ». 

Lire aus­si I « Je ne suis pas un homme violent » : à par­tir de quand un homme est-​il violent, Adrien Quatennens ?

Si cette condi­tion semble avoir été rem­plie, pour nombre de député·es LFI elle n’était plus suf­fi­sante pour garan­tir son retour dans les rangs insou­mis. En cause notam­ment, les deux inter­views accor­dées à La Voix du Nord et à BFM-​TV quelques jours après sa condam­na­tion. Interviews dans les­quelles il se défen­dait d’être un homme violent. « Dévoiler le pas­sé, l'enfance, l'intimité de la vic­time. Minimiser et rela­ti­vi­ser sa propre vio­lence. Cette stra­té­gie est carac­té­ris­tique des auteurs de vio­lences conju­gales », avait par exemple twee­té la dépu­tée LFI du Puy-​de-​Dôme Marianne Maximi mi-décembre.

Lundi soir, les condi­tions de son retour ont donc été rebat­tues et devait être dis­cu­té au sein du groupe ce mar­di matin. Pour aider les député·es à prendre leur déci­sion, Adrien Quatennens a été audi­tion­né ces der­niers jours par quatre député·es LFI dont l’identité est tenue secrète. Selon France inter, ils·elles ont été choisi·es pour leur diver­si­té de point de vue sur le cas Quatennens. Les quatre par­le­men­taires ont pré­sen­té ce mar­di une syn­thèse de ces audi­tions au groupe insou­mis afin d’éclairer les débats. Les soixante-​quatorze député·es du groupe ont ensuite voté pour la réin­té­gra­tion, ou non, de l’élu nor­diste. « L’idée est de voir si on peut avoir un consen­sus sans vote », avait tou­te­fois décla­ré un dépu­té auprès de France inter. 

Les dis­cus­sions s’annonçaient hou­leuses, la ques­tion de la réin­té­gra­tion du proche de Jean-​Luc Mélenchon divise tou­jours dans les rangs de LFI. « Il fau­dra véri­fier que les condi­tions qui ont été posées seront réunies ou pas, a assu­ré Manuel Bompard, coor­di­na­teur natio­nal de La France insou­mise, auprès du Parisien. Si ces condi­tions sont réunies, s’il a fait son stage, je suis favo­rable à sa réin­té­gra­tion. » Selon Le Parisien, qui ne cite pas de noms, certain·es député·es étaient en revanche opposé·es à un retour d'Adrien Quatennens par­mi eux·elles.

Lire aus­si I Violences conju­gales : après le retrait d’Adrien Quatennens, malaise et dis­sen­sions chez LFI

Du côté des député·es des trois autres groupes de la Nouvelle union popu­laire, éco­lo­gique et sociale (Nupes) – qui n'ont pas été consulté·es dans la déci­sion – certain·es res­tent éga­le­ment farou­che­ment opposé·es à un retour du dépu­té. Pour la secré­taire natio­nale d’Europe Écologie Les Verts (EELV), Marine Tondelier, Adrien Quatennens « ne peut pas sié­ger dans les rangs de la Nupes », a‑t-​elle affir­mé jeu­di der­nier sur fran­cein­fo. Pour elle, « il aurait dû démis­sion­ner et repas­ser par les urnes ». Fin décembre, une tri­bune signée par plus de 1 000 militant·es de La France insou­mise et de la Nupes deman­dait éga­le­ment l’exclusion d’Adrien Quatennens du groupe LFI ain­si que sa démis­sion de l’Assemblée nationale.

La ques­tion du retour du dépu­té a éga­le­ment fait débat au sein des mou­ve­ments fémi­nistes. Lundi, le col­lec­tif Nous Toutes lan­çait, sur Instagram et Twitter, un son­dage en col­la­bo­ra­tion avec le col­lec­tif #RelèveFéministe – qui dénonce les vio­lences faites aux femmes dans les milieux poli­tiques et mili­tants depuis sa créa­tion en sep­tembre der­nier - avec pour ques­tion : « Pensez-​vous que le dépu­té Adrien Quatennens puisse réin­té­grer le groupe LFI ? » Les inter­nautes sont invité·es à choi­sir entre quatre réponses : « Oui, la sanc­tion poli­tique a été suf­fi­sante, il peut reve­nir. », « Oui, il peut réin­té­grer mais avec une clause de revoyure d’ici envi­ron six mois afin qu’Adrien Quatennens prouve que son stage lui a été béné­fique. », « Non, il doit être défi­ni­ti­ve­ment exclu de la France Insoumise car il ne peut plus por­ter les luttes fémi­nistes de ce groupe » ou encore « Non, il doit démis­sion­ner et quit­ter la vie poli­tique ».

Preuve que la ques­tion divise, pour l’heure sur Twitter, les répondant·es du son­dage de Nous Toutes – qui a reçu plus de 7 200 réponses – sont favo­rables à un retour sans condi­tion d’Adrien Quatennens à 47 %. Mais ils·elles sont tou­te­fois 34 % à vou­loir sa démis­sion défi­ni­tive de la vie poli­tique française. 

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