
Chaque mois, un chercheur, une chercheuse, nous raconte sa thèse sans jargonner. Mehdi Moussaïd a soutenu la sienne, en 2010, sur l’étude expérimentale et la modélisation des déplacements collectifs de piétons. Aujourd’hui, il se consacre à la « fouloscopie », une discipline qui emprunte autant à la psychologie sociale qu’à la mécanique des fluides.
Causette : Quelle espèce mystérieuse étudiez-vous ?
Mehdi Moussaïd : J’ai commencé à étudier les foules dans un laboratoire d’éthologie 2, entouré de biologistes. Les autres se concentraient sur les animaux : les troupeaux de moutons, les bancs de poissons, les colonies de fourmis, moi sur les gens. Tous ces systèmes appartiennent finalement à la même grande famille, celle des systèmes complexes. Mes collègues partent en forêt pour observer des groupes de chimpanzés, moi, je vais en ville.
À quoi s’apparente le plus un ensemble d’humains ?
M. M. : Tout dépend de la taille de l’ensemble. Si nous ne sommes que peu nombreux, nous allons seulement ressembler à nous-mêmes, de simples humains. Plus nombreux, on va s’apparenter à des groupes d’animaux[…]