La Cour de cassation a rendu son verdict ce 17 mars. Les trois sapeurs-pompiers de la brigade de Paris seront bel et bien poursuivis pour « atteinte sexuelle sur mineur » et non pour viol. Une consternation pour la mère de Julie, Corinne Leriche qui se bat depuis une décennie pour rendre justice à sa fille.
« La justice vient à nouveau de distribuer des permis de violer, c’est intolérable. » Les mots employés par Corinne Leriche sont lourds de sens, tout comme la décision prise par la Cour de cassation ce 17 mars. Elle entérine la décision de la cour d’appel de Versailles en confirmant la requalification en atteinte sexuelle pour les trois sapeurs-pompiers de la brigade de Paris accusés par la fille de Corinne, Julie Leriche. Pour rappel des faits, la jeune fille accuse inlassablement, depuis 2011, vingt sapeurs-pompiers de Paris de l’avoir violée de 2008 à 2010, entre ses 13 et 15 ans alors qu’elle dans un état de grande détresse. Sur les vingt pompiers accusés, seuls trois seront désormais poursuivis par la justice pour atteinte sexuelle sur mineur·e. Ils encourent pour cela sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende. Bien loin des vingt ans de réclusion criminelle en cas de viol sur mineur·e de 15 ans.
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Car les trois pompiers de Paris étaient initialement mis en examen pour viol sur mineur·e avant que la justice ne requalifie les faits en juillet 2019, estimant que la connaissance de l’âge de l’adolescente par les prévenus n’a pu être établie, tout comme le fait que le « défaut de consentement est insuffisamment caractérisé. » Pour la famille Leriche, la cour « valide une vision faussée du rapport de force entre un·e adulte, et un·e mineur. Elle fait sienne les représentations sexistes, erronées et violentes de la sexualité et ce, alors même que toute la société se soulève aujourd’hui contre cette idéologie archaïque. » Il y a deux jours, l'Assemblée nationale a voté à l'unanimité une proposition de loi visant à fixer un seuil de non-consentement jusqu'à 15 ans.
Depuis dix ans, Corinne Leriche mène une lutte acharnée sur les réseaux sociaux et devant les tribunaux pour rendre justice à sa fille, Julie aujourd’hui âgée de 26 ans. Le 10 février dernier (jour de la réunion de la Cour de cassation), Corinne Leriche, soutenue par des dizaines de militantes féministes avait d’ailleurs battu le pavé pour réclamer « la cassation de l’arrêt de la honte. » Ce recours devant la Cour de cassation était pour la mère de famille « l’ultime chance de rendre justice à Julie pour les viols qu’elle a subis. » Si les recours devant la justice française sont désormais épuisés, Corinne ne cessera pas le combat pour autant. La famille Leriche a d’ores et déjà décidé de saisir la Cour européenne des droits de l’homme afin d’engager la responsabilité de l’État français. « Elle usera de toute les voies qui lui sont ouvertes pour faire condamner l’ensemble des pompiers mis en cause par Julie », a précisé le communiqué de presse.