Comme celui d’Aurore Bergé (Renaissance) le 10 novembre dernier, la commission des Lois de l’Assemblée nationale a adopté ce mercredi matin le texte porté par Mathilde Panot (La France insoumise) pour inscrire le droit à l’avortement dans la Constitution. À la différence du premier, le second n’exclut pas les hommes trans.
« Une excellente nouvelle », a réagi la sénatrice EELV Mélanie Vogel dans un communiqué. Ce mercredi 16 novembre, à l’Assemblée nationale, la commission des Lois a adopté la proposition de loi portée par Mathilde Panot (La France insoumise) pour inscrire le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans le marbre de la Constitution.
La présidente du groupe LFI a inauguré son propos en citant Simone de Beauvoir : « Il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse, pour que les droits des femmes soient remis en question ». Puis elle a égrené les récents reculs du droit à l’avortement en Europe, citant la Hongrie et la Pologne. « Collègues, nul ne peut ici présager l’avenir, nous légiférons pour le temps long à fortiori quand nous touchons à la Constitution », a ensuite lancé la présidente insoumise aux parlementaires de la Commission des lois. Pour elle, inscrire l'IVG dans la constitution est nécessaire « pour parer aux risques que l’histoire humaine, imprévisible, pourrait faire courir à nos enfants ou nos petits-enfants ».
Deux textes examinés par le Palais Bourbon
Et maintenant ? La proposition sera examinée en première lecture à l’Assemblée nationale le 24 novembre à l’occasion d’une niche parlementaire du groupe LFI. Soit quatre jours avant que les troupes d’Emmanuel Macron défendent la leur, puisque la proposition du groupe majoritaire Renaissance portée par Aurore Bergé a été adoptée en Commission des lois le 10 novembre dernier. En plus du droit à l’IVG, LFI veut inscrire le droit à la contraception dans la Constitution, à la différence du groupe Renaissance dont le texte ne porte que sur l’IVG.
Les deux propositions semblaient, au départ, identiques sur l'ajout du droit à l'IVG dans la Loi fondamentale, mais un détail de taille les différencie pourtant. Après son adoption en Commission des lois, le texte de la France insoumise prévoit toujours d’ajouter un nouvel article 66–2 disposant que « Nul ne peut porter atteinte au droit à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception ». Tandis que celui de Renaissance, amendé en Commission des lois par Aurore Bergé, dispose désormais que « Nulle femme ne peut être privée du droit à l’interruption volontaire de grossesse ».
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L’apparition du mot « femme » change complètement l’application du droit qui serait inscrit dans la Constitution. Dans le premier texte, les hommes et les femmes sont concerné·es, tandis que dans le second, seules les femmes le sont. La formulation de la proposition d’Aurore Bergé exclut de fait les hommes trans, pourtant également concernés par la protection de leurs droits sexuels et reproductifs.
A l'inverse, « la rédaction adoptée [ce 16 novembre], identique à celle examinée par le Sénat en octobre dernier, est une formulation inclusive, permettant de protéger le droit de toute personne en exprimant le besoin, d’avoir recours à l’interruption volontaire de grossesse », a réagi la sénatrice EELV Mélanie Vogel ce mercredi dans un communiqué. Sa proposition d’inscrire aussi l’avortement et la contraception dans la Constitution avait été rejetée au Sénat le 19 octobre dernier.
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L’exclusion des hommes trans dans la formulation d’Aurore Bergé a provoqué une vive inquiétude auprès des associations militant pour les droits LGBT. Dans la foulée de l’adoption du texte par la commission des Lois, l’Inter-LGBT a aussitôt dénoncé son « caractère foncièrement transphobe ». La reformulation du texte semble également avoir semé le désordre dans les rangs du groupe présidentiel. Le député Renaissance Raphaël Gérard a rappelé que « la meilleure prise en compte des droits des personnes trans ne menace EN RIEN les droits des femmes ».
Reste désormais à savoir si les Macronistes voteront pour la formulation du texte LFI le 24 novembre prochain. Officiellement, la position de Renaissance est limpide. « Nous voterons la proposition de loi portée par la France insoumise » assure sans équivoque l’entourage de la présidente de groupe Aurore Bergé, selon le Journal du Dimanche. « Certes, la formulation de la Nupes est différente. Mais ce qui compte, c’est que l’interruption volontaire de grossesse soit inscrite dans la Constitution », explique de son côté un conseiller parlementaire. Rendez-vous dans huit jours donc.