• Rechercher
  • Mot de passe oublié ?
  • Mot de passe oublié ?

Enquête sur Jacquie et Michel : le pro­prié­taire du site por­no en garde à vue

800px Justice pour les femmes torturées par la pornographie Jacquie et Michel
Collage, Paris, le 16 septembre 2020 ©Yvan DALIZE

Michel Piron, son épouse et trois acteurs sont en garde à vue depuis mar­di matin dans le cadre d’une enquête ouverte en juillet 2020 pour « com­pli­ci­té de viol » et « proxénétisme ».

L’un des mas­to­dontes du por­no fran­çais, Jacquie et Michel, est dans le viseur de la jus­tice. Le pro­prié­taire du site por­no­gra­phique, Michel Piron, son épouse et trois acteurs ont été placé·es en garde à vue, mar­di 14 juin, a annon­cé le par­quet de Paris à l’Agence France-​Presse (AFP). Iels doivent répondre aux ques­tions des enquêteur·rices de la police judi­ciaire dans le cadre d’une enquête pré­li­mi­naire ouverte en juillet 2020 « pour des faits sup­po­sés de proxé­né­tisme, com­pli­ci­té de viol et com­pli­ci­té d’agressions sexuelles entre 2009 et 2015 », a pré­ci­sé l’avocat du groupe Ares, déten­teur du site, Me Nicolas Cellupica.

L’enquête, révé­lée par 20 minutes en sep­tembre 2020, avait été confiée à la police judi­ciaire pari­sienne après plu­sieurs plaintes fai­sant suite à des signa­le­ments adres­sés début 2020 par les asso­cia­tions Osez le fémi­nisme !, les Effronté-​es et le Mouvement du nid. Ces der­nières se fai­saient l’écho de témoi­gnages d’actrices por­no­gra­phiques racon­tant avoir été contraintes à des pra­tiques sexuelles « hors normes et dou­lou­reuses » non consen­ties sur des tour­nages, entre 2009 et 2015.

Prise de conscience sociétale ? 

Des signa­le­ments sui­vis ensuite par la dif­fu­sion en février 2020 d’une vidéo du média Konbini inti­tu­lée Les cou­lisses sor­dides du por­no ama­teur dans laquelle deux femmes témoignent elles-​aussi de pra­tiques sexuelles impo­sées contre leur volon­té au cours de tour­nages dont les films étaient ensuite héber­gés sur Jacquie et Michel. « J’avais dit : "Pas d’anal", on m’a pro­po­sé de le faire, j’ai dit non […] et pen­dant l’une des scènes, ils ont quand même essayé contre mon gré » raconte notam­ment l’une d’elles.

« C’est un grand jour pour toutes les femmes vic­times. La fin de l’impunité pour l’industrie cri­mi­nelle por­no­gra­phique », s’est féli­ci­tée Lorraine Questiaux, avo­cate des trois asso­cia­tions à l’origine du signa­le­ment en 2020. Cette mise en garde à vue est pour elle, « une nou­velle étape impor­tante qui marque la prise de conscience socié­tale et judi­ciaire du fait que la por­no­gra­phie est une orga­ni­sa­tion cri­mi­nelle qui exploite la haine des femmes et pro­duit de la vio­lence sexiste et raciste », estime-​t-​elle auprès du jour­nal Le Monde.

Lire aus­si I Pornographie : la délé­ga­tion aux droits des femmes du Sénat veut lut­ter contre les crimes de l'industrie

Dans cette affaire, Michel Piron n’est à l’heure actuelle pas mis en exa­men et reste pré­su­mé inno­cent. Dans un com­mu­ni­qué, l’avocat du pro­prié­taire du site et de son épouse, a indi­qué que son client s’est « tou­jours dit du côté des vic­times si des actrices ont subi des actes de vio­lences sexuelles qu’il igno­rait parfaitement ».

Poids lourd dans l’industrie por­no­gra­phique depuis quelques années, Jacquie et Michel, appar­tient au groupe fran­çais Ares et exploite plu­sieurs sites por­no­gra­phiques, des sex-​shops, le maga­zine Hot Vidéo, la chaîne JMTV ain­si que des pro­duits déri­vés. Chaque année, des cen­taines de vidéos sont mises en ligne, four­nies par des pro­duc­teurs indé­pen­dants. En 2017, le site affi­chait un chiffre d'affaires de 25 mil­lions d'euros.

En paral­lèle, une autre enquête judi­ciaire est en cours pour viols, proxé­né­tisme et traite d'êtres humains contre des pro­duc­teurs, réa­li­sa­teurs et acteurs fran­çais. Elle concerne notam­ment les pro­duc­teurs Pascal OP et Matt Hadix.

Lire aus­si I Sommes-​nous en train d’assister à un #MeToo de l’industrie porno ?

Partager