• Rechercher
  • Mot de passe oublié ?
  • Mot de passe oublié ?

Discours d’Élisabeth Borne : après les mots, à quand l’action ?

46823999754 614773834c b
Elisabeth Borne © Jacques Paquier // Flickr

ÉDITO. Se pré­sen­tant devant une Assemblée mor­ce­lée où elle ne dis­pose pas de majo­ri­té abso­lue, Élisabeth Borne a pro­non­cé mer­cre­di 6 juillet sa décla­ra­tion de poli­tique géné­rale. Une décla­ra­tion au cours de laquelle, la Première ministre a ren­du hom­mage aux femmes « qui ont ouvert le che­min avant nous » au Parlement. Élisabeth Borne a notam­ment cité Irène Joliot-​Curie, Suzanne Lacore et Cécile Brunschvig, pre­mières femmes à inté­grer un gou­ver­ne­ment en 1936, pen­dant le Front popu­laire. Elle a éga­le­ment cité les « 33 pre­mières femmes à faire leur entrée dans cet hémi­cycle au len­de­main de la Libération ». Mais sur­tout, la cheffe du gou­ver­ne­ment a men­tion­né Simone Veil « dont la force et le cou­rage [l’ont ins­pi­rée] à ce pupitre » et Édith Cresson, pre­mière femme à accé­der aux fonc­tions de Première ministre en mai 1991. « Je crois à la force de l’exemple. […] Rien ne doit frei­ner le com­bat pour la place des femmes dans notre socié­té », a résu­mé Élisabeth Borne.

Interrogée sur ce dis­cours, l’ancienne Première ministre de F. Mitterrand, Édith Cresson, l’a d’ailleurs jugé « abso­lu­ment remar­quable ». Au micro de BFMTV, sa seule et unique pré­dé­ces­seure a fait preuve de soro­ri­té en décla­rant que « Madame Borne va faire par­tie de celles qui vont faire évo­luer les choses et j’en suis très heu­reuse »

Mais à la tri­bune, E. Borne a sim­ple­ment décla­ré qu’elle sera une « com­bat­tante pour l’égalité entre les hommes et les femmes », rap­pe­lant que cette der­nière est la « grande cause du quin­quen­nat », sans s'appesantir davan­tage. Idem, lorsqu’elle a indi­qué qu’elle mène­rait avec le gou­ver­ne­ment une « action plus réso­lue contre les vio­lences sexuelles, sexistes et intra­fa­mi­liales » sans en pré­ci­ser le conte­nu. Plus concrè­te­ment, la Première ministre a tout de même confir­mé le virage à 180 degrés enta­mé par E. Macron dans l’entre-deux tours de l’élection pré­si­den­tielle en annon­çant la décon­ju­ga­li­sa­tion de l'Allocation adultes han­di­ca­pés (AAH). L’attribution de l’allocation étant pour l’heure indexée sur le reve­nu de leur conjoint·e s’iels offi­cia­lisent leur couple. Lorsque ce·cette dernier·ière gagne plus de 2 200 euros, l’AAH est entiè­re­ment sup­pri­mée, créant une situa­tion de forte dépen­dance finan­cière. L’annonce d’Élisabeth Borne est l’issue d’une longue bataille légis­la­tive entre la majo­ri­té pré­si­den­tielle et les oppo­si­tions lors du pré­cé­dent quin­quen­nat : deman­dée par la droite et la gauche, la décon­ju­ga­li­sa­tion de l’AAH était res­tée insen­sible jusqu’à pré­sent au gouvernement.

Grande absente du dis­cours, l’inscription de l’IVG dans la consti­tu­tion, por­tée par Renaissance (Ex-​LREM) et la Nupes et pour­tant défen­due par Élisabeth Borne, lors de sa visite, le 29 juin, au siège du Planning fami­lial, dans le XIe arron­dis­se­ment à Paris. Il fau­dra donc veiller à ce que les mots se trans­forment en actes et que la soro­ri­té ne s'exerce pas qu'entre femmes puis­santes mais ruis­selle sur les Françaises toutes entières. Celles pour qui decon­ju­ga­li­ser l'AAH repré­sente un espoir d'autonomie.

Partager