Tous les jours, munie de ses deux imposantes valises, Claire Sarazin, 47 ans, thanatopractrice, parcourt les routes pour aller embaumer les défunts.
à son actif, plus de douze mille soins.

"Je n’ai jamais été attirée par la mort. Mon rêve, ça aurait été d’être conservatrice de musée. C’est par hasard, à 24 ans, que je suis devenue gardienne de cimetière. Moi qui pensais accueillir les gens et les aider à chercher une tombe, je me retrouve chargée des exhumations administratives [réalisées en cas de sépultures abandonnées, ndlr]. Surprise ! Après la première, je ne dors pas de la nuit.
Un jour, un agent des pompes funèbres me propose d’aller voir un soin de conservation sur un défunt. Quand le thanatopracteur saisit le tube de ponction pour évacuer les fluides corporels, je deviens aussi verte que ma blouse et je sors en courant pour fumer quinze clopes d’affilée. Mais depuis petite, je ne lâche rien. Alors j’y retourne. Et plus il continuait son soin, plus le défunt devenait beau. C’était magique de transformer un corps pas présentable en quelqu’un qui dort. Je réalise alors que ça serait un défi incroyable. Je[…]