Malgré la pandémie et la tenue des cours à distance, les lycéen·nes vont essuyer les plâtres du « bac Blanquer ». Parmi les mesures phares de cette réforme, une épreuve suscite tensions et critiques : le grand oral, avec un coefficient 10 en filière générale et 14 en techno. Certains aménagements, comme la possibilité de garder leurs notes, ont été décidés, mais l’épreuve est maintenue. Les élèves de terminale devront s’exprimer pendant vingt minutes devant un jury de deux enseignant·es sur un sujet préparé pendant l’année, avant de répondre à une question sur leur projet d’orientation. Beaucoup de syndicats de lycéen·nes et de profs s’opposent à ce grand oral, jugé élitiste et créateur d’inégalités. Qu’en est-il vraiment ? La prise de parole publique ne peut-elle pas, au contraire, favoriser certains profils ?
Mathieu Devlaminck
Président du syndicat
Union nationale lycéenne (UNL)
« Je refuse l’argument selon lequel l’oral ne serait pas plus discriminant que l’écrit, car c’est oublier un peu vite que l’écrit, on le pratique depuis le CP. En revanche, l’éloquence et la capacité à développer un argumentaire en public, on y est beaucoup moins formés. La prise de parole publique, ça s’apprend et il faut aussi connaître certains codes implicites que tout le monde n’a pas. Il me semble évident que des lycéens risquent de pâtir de leur posture, de leurs tics de langage ou même de leur tenue vestimentaire. Il y a derrière cette idée la volonté de façonner une[…]