Comme chaque année, la haute société parisienne se presse autour de la vente de bienfaisance. Mais ce jour-là, l’événement tourne à la catastrophe : un incendie fait en moins d’une demi-heure une centaine de victimes, dont une large majorité de femmes qui, entravées par leurs vêtements, sont prisonnières des flammes.
C’est le printemps à Paris, en ce bel après-midi de mai 1897. On le sent au soleil timide qui illumine la rue Jean-Goujon, près des Champs-Élysées, aux robes pastel et aux chapeaux à aigrette des aristocrates et des grandes bourgeoises qui se pressent au numéro 4, l’entrée du Bazar de la Charité. « The place to be », dirait-on aujourd’hui.
Cet événement rassemble, chaque année depuis douze ans, plusieurs œuvres de charité, chacune proposant sur son stand des objets de toutes sortes. Une pieuse brocante, destinée à la crème de la bonne société, laquelle se doit d’y faire étalage d’une générosité ostentatoire. Ce rendez-vous très mondain est aussi un passage obligé pour les jeunes filles à marier. « Le Bazar des fiancés », ainsi qu’on le surnomme, est un lieu de badinage. Dans les colonnes de L’Éclair, on est explicite : « Moyennant une poignée de louis, la jeune et jolie baronne de Z… laissait ses adorateurs[…]