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Tour du monde des coups de gueule adolescents

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Naomi Wadler, figure de la Marche pour nos vies © Andrew Harnik / AP / SIPA

La jeu­nesse se mobi­lise sur le front du cli­mat, mais pas que. Lutte contre les armes à feu (États-​Unis), contre la misère (France) ou encore contre les muti­la­tions géni­tales et mariages for­cés (Guinée) : la relève est là et compte bien se faire entendre de ses aîné·es.

États-​Unis : Ils luttent contre les armes à feu

Dix-​sept de leurs cama­rades y ont lais­sé la vie. Après la fusillade de Parkland (Floride), le 14 février 2018, Emma Gonzales (18 ans), David Hogg (17 ans), Ryan Deitsch (18 ans) et une ving­taine de lycéen·nes ont lan­cé le comi­té d’action poli­tique #NeverAgain (« Plus jamais ça »). Manifestations locales et natio­nales, lob­bying poli­tique, appels au boy­cott des entre­prises finan­çant la National Rifle Association (orga­ni­sa­tion proarmes très puis­sante aux États-​Unis)…, depuis plus d’un an, ils tentent de faire dur­cir les condi­tions d’accès aux armes à feu. C’est aus­si l’un des com­bats de Naomi Wadler, aujourd’hui âgée de 12 ans, qui a fait grève le 14 mars 2018 pour pro­tes­ter contre la vio­lence dans les écoles. Dénonçant la double peine qui touche les Afro-​Américaines – vic­times des armes à feu, mais dans l’indifférence géné­rale –, la jeune fille est deve­nue l’une des figures de la Marche pour nos vies, orga­ni­sée en mars 2018. Et conti­nue de se battre pour faire entendre la voix des filles noires.

Colombie : Ils portent plainte contre la défo­res­ta­tion de l’Amazonie

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Âgé·es de 7 à 26 ans, ces jeunes acti­vistes colombien·nes ont reçu le sou­tien d'expert·es. © Dejusticia

Le plus jeune avait 7 ans, le plus âgé, 26. Le 29 jan­vier 2018, vingt-​cinq enfants et adolescent·es ont por­té plainte contre l’État colom­bien, avec le sou­tien de l’ONG Dejusticia. Leur grief ? Ils et elles estiment que « la défo­res­ta­tion géné­ra­li­sée en Amazonie et le chan­ge­ment cli­ma­tique menacent [leurs] droits » fon­da­men­taux à la vie et à un envi­ron­ne­ment sain. Et la jus­tice leur a don­né rai­son : trois mois plus tard, la Cour suprême de Colombie a ordon­né au gou­ver­ne­ment de lut­ter contre la défo­res­ta­tion mas­sive au nom des géné­ra­tions futures. Sommé d’élaborer rapi­de­ment un pro­gramme d’action, le gou­ver­ne­ment a pré­sen­té, en février der­nier, un Plan natio­nal de déve­lop­pe­ment 2018–2022, dont ­l’objectif n’est pas de réduire, mais de main­te­nir le nombre d’hectares déboi­sés au niveau actuel – 2 200 km² en 2017, soit l’équivalent du Luxembourg. Loin de se lais­ser ­ber­ner, les vingt-​cinq jeunes acti­vistes, soutenu·es par des expert·es et des asso­cia­tions, ont donc remis le cou­vert : le 5 mars, ils et elles ont adres­sé une lettre au Parlement en deman­dant que de nou­veaux objec­tifs soient fixés. Reste à savoir s’ils seront entendus.

Australie : Elle boy­cotte l’hymne national

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Harper Nielsen dénonce un hymne raciste. © cap­ture d'écran Youtube

Elle a refu­sé de se lever pour chan­ter. Début sep­tembre 2018, Harper Nielsen, une Australienne de 9 ans, est res­tée muette alors que ses cama­rades enton­naient l’hymne natio­nal : « […] Nous sommes jeunes et libres. […] Avance la belle et juste Australie ». Des paroles écrites en pleine période colo­niale (1878) qui, selon elle, ont une dimen­sion raciste*. « “Avancez les Blancs”, c’est ce qu’il vou­lait dire quand il a été écrit. C’est irres­pec­tueux pour les Aborigènes qui étaient là avant nous », a‑t-​elle expli­qué au média 9News. Une rébel­lion qui lui a valu une heure de colle et, sur­tout, une polé­mique natio­nale – la lea­der d’extrême droite Pauline Hanson l’a notam­ment trai­tée de « sale gosse ». C’est qu’en Australie, où les dis­cri­mi­na­tions envers les Aborigènes sont régu­liè­re­ment dénon­cées, le sujet est brû­lant : ces der­nières années, plu­sieurs per­son­na­li­tés comme le spor­tif Joe Williams ou la chan­teuse d’opéra Deborah Cheetham ont, comme Harper, boy­cot­té l’hymne.

* En anglais, le terme fair peut signi­fier « juste », mais aus­si « clair ».

Inde : Face au chan­ge­ment cli­ma­tique, elle attaque l’État

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Ridhima Pandey a assi­gné le gou­ver­ne­ment indien en jus­tice. © cap­ture d'écran

Elle avait 5 ans, en juin 2013, quand des pluies dilu­viennes se sont abat­tues sur l’État de l’Uttarakhand (Inde), tuant plus de 5 700 per­sonnes. Quatre ans plus tard, la petite Ridhima Pandey a déci­dé d’agir. En mars 2017, du haut de ses 9 ans, elle a atta­qué le gou­ver­ne­ment indien devant le Tribunal natio­nal vert, créé en 2010 pour trai­ter les litiges envi­ron­ne­men­taux. Dans un dos­sier de cinquante-​deux pages, elle accuse le gou­ver­ne­ment de n’avoir « pris aucune mesure effi­cace et scien­ti­fi­que­ment fon­dée » pour lut­ter contre le chan­ge­ment cli­ma­tique, pointe « l’énorme fos­sé » entre les enga­ge­ments offi­ciels et « la mise en œuvre des légis­la­tions envi­ron­ne­men­tales », et demande au tri­bu­nal d’enjoindre les auto­ri­tés à agir. Tribunal qui a ren­du sa déci­sion le 15 jan­vier der­nier… et a reje­té sa demande, esti­mant qu’il n’y a « aucune rai­son de pré­su­mer que l’accord de Paris et d’autres pro­to­coles envi­ron­ne­men­taux » ne sont pas pris en compte dans les poli­tiques gouvernementales.

Guinée : Super héroïne justicière

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Hadja Idrissa Bah, fon­da­trice du Club des jeunes filles lea­ders de Guinée. © H. Hidrassa-Bah

En 2016, Hadja Idrissa Bah, qui a 16 ans, pré­side le Parlement des enfants de Guinée*, expé­rience qui lui donne le goût de l’engagement fémi­niste. Sollicitée par des jeunes filles qui vou­laient aus­si s’engager, Hadja décide de créer le Club des jeunes filles lea­ders de Guinée.
D’un « espace de parole pour les filles sur des sujets comme la sexua­li­té », explique-​t-​elle, le club, qui compte aujourd’hui deux cents membres, devient vite un outil d’intervention directe par­ti­cu­liè­re­ment badass. « On nous a deman­dé de l’aide sur des cas de mariages d’enfants, de viols ou de muti­la­tions géni­tales. Nous inter­ve­nons auprès des poli­ciers pour qu’ils arrêtent les pré­su­més ­cou­pables, et ça exige de les suivre chez les ­sus­pects pour évi­ter les ten­ta­tives de cor­rup­tion… » Le Club a empê­ché dix-​sept mariages d’enfants en 2018 et est déjà inter­ve­nu sur huit cas de viol en 2019.

*Une ini­tia­tive du gou­ver­ne­ment pour sen­si­bi­li­ser les enfants à la citoyenneté.

France : Torpilleur de misère

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Arthur Soufflet vend ses toiles au pro­fit des sans-​abri. © J.Magnien /​Maxppp

Voilà un petit gar­çon ins­pi­rant. Arthur Soufflet a 9 ans, habite à Cambrai (Nord) et vend, depuis quatre ans, ses toiles très colo­rées pour venir en aide aux sans-​abri. « Quand même, c’est triste, nous, on est tous debout, on a une mai­son, et là, il y a une per­sonne au milieu de la rue, elle est triste, elle n’a pas de mai­son, observe Arthur au micro de France Info Junior. J’étais triste et j’ai com­men­cé à les aider. »
Lancé seul dans l’aventure, mais avec le sou­tien de ses parents, le gar­çon, aujourd’hui connu dans toute la France, a déjà récol­té plu­sieurs mil­liers d’euros, qu’il trans­forme en sand­wichs pour les sans-​abri de sa ville… ou qu’il éco­no­mise : il a déjà « 1 527 euros » de côté pour, à terme, « ache­ter un immeuble » et y loger les per­sonnes qu’il aide au quotidien.

États−Unis : La jeu­nesse à la res­cousse des aînés

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Emma Yang, créa­trice d’une appli de recon­nais­sance faciale pour les malades d’Alzheimer. © cap­ture d'écran Youtube

Du haut de ses 14 ans, Emma Yang doit déjà vivre avec le qua­li­fi­ca­tif de génie sur ses épaules. Cette ado née à Hongkong et rési­dant aux États-​Unis a été repé­rée et pri­mée dès ses 10 ans par diverses ins­ti­tu­tions pro­mou­vant les talents de nos chères têtes blondes en matière de nou­velles tech­no­lo­gies. En ce moment, elle déve­loppe une appli­ca­tion dont elle a eu l’idée en obser­vant sa grand-​mère atteinte d’Alzheimer, qui ne la recon­nais­sait plus. Timeless per­met­tra aux malades de savoir à qui ils s’adressent grâce à un logi­ciel de recon­nais­sance faciale qui fera coïn­ci­der les visages des inter­lo­cu­teurs et inter­lo­cu­trices avec un stock de pho­tos des proches ou des accompagnant·es. De quoi révo­lu­tion­ner leur quotidien.

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