Si tous les regards se sont tournés vers le Vatican, le 21 février, ce n’est pas seulement parce que le journaliste Frédéric Martel publiait ce jour-là Sodoma, un livre-enquête explosif sur l’omniprésence de l’homosexualité – et donc de la « culture du secret » – au plus haut niveau de l’Église. C’est surtout parce que le Saint-Siège organisait son premier sommet sur « la protection des mineurs dans l’Église ». Quatre jours de réunions, 190 participants, dont 114 présidents de conférences épiscopales (les réunions des évêques et cardinaux d’un même pays) venus du monde entier. À l’issue de cet événement historique, le pape a promis que le Vatican adopterait bientôt une loi sur la prévention des abus sexuels sur mineurs. Au menu également, la création d’équipes d’experts (chargées d’aider les moins alertes sur le sujet) et la publication d’un vade-mecum rappelant les démarches à entreprendre face aux abus sexuels.
Pas de quoi satisfaire les associations de victimes, qui attendaient des mesures rapides et concrètes – par exemple la fin du secret pontifical – et une « tolérance zéro ». Pour autant, estime la journaliste Constance Colonna-Cesari, spécialiste du Vatican, ce sommet montre que « l’Église a pris conscience de la gravité du problème et qu’elle va être obligée de se mettre au diapason du reste du monde ».
En attendant, les enquêtes se multiplient à travers le globe. Comme en France, où la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase) a commencé ses travaux le mois dernier. Chargée de mettre en lumière les agressions sur mineurs survenues depuis les années 1950, elle rendra ses conclusions dans deux ans. Une nouvelle déflagration en perspective.