Qui sait qu’Anna Marly, une jeune femme russe exilée à Londres pendant la Seconde Guerre mondiale, créa sur un coin de table la mélodie du célèbre Chant des partisans ?

Au cours du glacial hiver 1941, Anna Betoulinsky, une jeune femme d’origine russe âgée de 24 ans, débarque en Grande-Bretagne. Elle a dû quitter Paris, sa ville de cœur, où sa famille, fuyant la révolution russe, s’était réfugiée alors qu’elle n’était qu’une enfant. Pour échapper à l’occupation allemande, elle a gagné l’Espagne, puis le Portugal, avant de traverser la Manche. Mais arrivée à Londres, c’est le Blitz, le bombardement du Royaume-Uni par l’aviation allemande. « Les faisceaux lumineux des projecteurs de la DCA [défense contre l’aviation, ndlr] balayaient le ciel. Suivaient les explosions, lointaines ou proches, les sirènes, les ambulances et la foule courant aux abris ou s’engouffrant dans la bouche du métro. À l’aube, alors que l’enfer fumant léchait ses blessures, nous déblayâmes des bras, des pieds glacés de froid et d’horreur, couverts de suie et aveuglés par la poussière », écrit-elle dans ses Mémoires*. Profondément affectée par la détresse des Londoniens qui souffrent de la guerre, de la faim et ont besoin de soins, Anna s’engage volontairement en tant que cantinière au quartier général des Forces françaises libres (FFL), où le général de Gaulle s’est installé pour organiser la Résistance.
Dans le tumulte de la guerre, Anna a perdu ses bagages, ses effets personnels, mais il lui reste toujours sa chère guitare, offerte par sa nourrice lorsqu’elle avait 13 ans. C’est cette guitare qui a donné envie à Anna de devenir une artiste. Et quelle artiste ! Avant de quitter la France, avant la guerre, elle avait entamé une carrière artistique sous le pseudonyme d’Anna Marly et était devenue célèbre.[…]