Avec ses milliers d’usines sous-traitantes des multinationales du textile, le Bangladesh est l’un des principaux ateliers de la fast fashion. Ses ouvrier·ères fabriquent nos vêtements pour une misère. Mais boycotter les marques qui les exploitent reviendrait à leur couper les vivres…
Depuis le 24 avril 2013, plus encore qu’avant, trois mots sur une étiquette suffisent à évoquer les pires dérives de la mode à bas prix : made in Bangladesh. Ce jour-là, le Rana Plaza et ses huit étages s’écroulent dans la banlieue de Dacca, la capitale du pays. L’immeuble hébergeait cinq usines où des sociétés internationales de prêt-à-porter sous-traitaient leur production. Plus de 1 130 ouvrier·ères perdent la vie sous les décombres, plus de 2 000 autres sont blessé·es. Au milieu des ruines, des logos de marques occidentales, comme autant d’alertes glaçantes à l’attention de ces entreprises et de leurs client·es : la tragédie du Rana Plaza est celle d’une industrie de la mode coupable de faire passer la compétitivité à tous crins avant la sécurité de ses fournisseurs.
Le Bangladesh est l’un des principaux producteurs de la fast fashion mondiale. Ses travailleur·euses paient au prix fort les tarifs cassés sur les tickets de caisse : salaires indignes, usines vétustes, mais aussi persistance du travail des enfants, non-respect du droit au repos, entraves à la syndicalisation parmi d’autres abus. Le Rana Plaza aurait pu faire office d’électrochoc. Peu après, les principales multinationales de la mode ont signé avec des syndicats locaux et internationaux un accord sur la sécurité des bâtiments et la prévention des incendies1. « C’est l’une des améliorations les plus[…]
- Il est possible de consulter la liste des entreprises signataires par pays à cette adresse[↩]