ÉDITO
Sur les images en super‑8 elles ont des jupes au-dessus du genou et des bottes sixties. Les cheveux détachés et le sourire radieux. À l’époque, même la première dame ne porte pas le voile. Nous sommes à Kaboul, dans les années 1960. Les cinémas font salle comble, les écoles sont mixtes, on joue de la trompette dans les clubs de jazz et les hippies occidentaux viennent y passer leurs vacances pour admirer les sublimes sites historiques et fumer du shit de qualité.
Jusqu’en 1973, la vie est riante dans la capitale afghane, et voir ces images aujourd’hui, au lendemain de la prise de la ville par les talibans, est un crève-cœur. Les voix des femmes qui parviennent encore jusqu’à nous disent déjà l’effroi. Celles qui ont eu la chance et le courage de faire des études éteignent leurs ordinateurs à la hâte et cachent leurs diplômes durement acquis, preuve beaucoup trop flagrante de leur émancipation. Les fillettes pleurent de ne plus pouvoir aller à l’école, leurs mères de devoir renfiler leurs sinistres burqas. Elles se terrent chez elles. Elles ne dorment plus la nuit, hantées par les récits de leurs propres mamans sur la terreur que faisaient déjà régner les talibans à leur époque. Elles ne dorment plus la nuit, angoissées par le sombre avenir de leurs filles. L’avenir, c’est aujourd’hui, d’ailleurs, puisque ces islamistes radicaux ont déjà commencé à enlever des gamines pour les marier de force. Et le pire reste à venir. Femmes et enfants représentent 80 % des personnes qui fuient l’avancée des talibans. Comme toujours, et a fortiori dans les pays en guerre, ce sont les femmes que l’on sacrifie.
Depuis près de cinquante ans, l’Afghanistan est ravagé par les conflits. Entre chefs de guerre, entre moudjahidine et talibans, contre les communistes, les Soviétiques, les islamistes, les Américains… Ce sont toujours des hommes qui se battent entre eux, qui décident entre eux, s’assassinent entre eux pour mieux reprendre le pouvoir et mieux recommencer.
Pas l’ombre d’une femme à l’horizon. Quantité négligeable, elles ne rentrent même pas dans l’équation. Le pays aurait-il connu de telles affres si on avait laissé la possibilité aux femmes de prendre les commandes ? Si on les avait autorisées à exercer plus de responsabilités ? À prendre des décisions ? À gouverner ! Et si, du côté des Occidentaux, elles accédaient en plus grand nombre aux très hautes instances du pouvoir ? Cela a un nom : la diplomatie féministe. Juste un chiffre : selon le think tank américain Council on Foreign Relations (CFR), lorsque les femmes participent aux négociations de paix, les accords qui en résultent ont 35 % de chances supplémentaires de durer au moins quinze ans. En attendant, aujourd’hui, les trois quarts des ambassadeurs français sont des hommes. Alors, essuyons nos larmes et tentons de nous accrocher coûte que coûte à ce rêve fou que, un jour, les femmes sauveront le monde.
Causette
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