fbpx
thumbnail turquie liberte et democratie couleur
© Gros

Turquie : l’île de la ten­ta­tion mégalo

En mar­ke­ting comme en poli­tique, tout est une ques­tion de bran­ding. Ainsi de ce caillou jusqu’ici inha­bi­té au large ­d’Istanbul : ne dites plus Yassiada mais « île de la démo­cra­tie et de la liber­té ». Après cinq ans de tra­vaux – avec des­truc­tion sys­té­ma­tique des arbres de Yassiada pour lais­ser place au béton­nage –, le pré­sident turc, Recep Tayyip Erdogan, vient d’inaugurer en grande pompe l’île trans­for­mée et ses nou­velles infra­struc­tures : un palais des congrès, un hôtel et des res­tau­rants hup­pés, une immense mos­quée de 1 200 places (pour zéro habi­tant à l’année) et un musée à la mémoire du Premier ministre Adnan Menderes, empri­son­né par l’armée à Yassiada et exé­cu­té sur une île voi­sine en 1961.

« Avec ce musée et le nou­veau nom de l’île, Erdogan a dans l’idée de faire de cet homme poli­tique, qui incarne la droite libé­rale mais conser­va­trice, un mar­tyr », ana­lyse Alican Tayla, ensei­gnant à l’Inalco* et cher­cheur à l’Institut fran­çais de géo­po­li­tique de Paris-​VIII. Mais der­rière ce rebran­ding se cache aus­si le carac­tère mali­cieux du Premier ministre à la main de fer : « S’il n’y avait pas tous ces reproches, dans le pays comme à l’international, quant à la sévé­ri­té de la répres­sion et des empri­son­ne­ments poli­tiques, observe Alican Tayla, je suis cer­tain qu’il n’aurait pas choi­si ce nom pour cette île. » Le comble ? D’après les infor­ma­tions du Monde, l’îlot ser­vi­ra de point d’accueil à Erdogan pour les digni­taires inter­na­tio­naux… Mais res­te­ra fer­mé au public. « Jusqu’ici, appuie Tayla, aucune navette ne per­met d’accéder à l’île depuis Istanbul, et rien n’indique que cela s’apprête à chan­ger. » 

* Institut natio­nal des langues et des civi­li­sa­tions orientales.

Partager

Cet article vous a plu ? Et si vous vous abonniez ?

Chaque jour, nous explorons l’actualité pour vous apporter des expertises et des clés d’analyse. Notre mission est de vous proposer une information de qualité, engagée sur les sujets qui vous tiennent à cœur (féminismes, droits des femmes, justice sociale, écologie...), dans des formats multiples : reportages inédits, enquêtes exclusives, témoignages percutants, débats d’idées… 
Pour profiter de l’intégralité de nos contenus et faire vivre la presse engagée, abonnez-vous dès maintenant !  

 

Une autre manière de nous soutenir…. le don !

Afin de continuer à vous offrir un journalisme indépendant et de qualité, votre soutien financier nous permet de continuer à enquêter, à démêler et à interroger.
C’est aussi une grande aide pour le développement de notre transition digitale.
Chaque contribution, qu'elle soit grande ou petite, est précieuse. Vous pouvez soutenir Causette.fr en donnant à partir de 1 € .