L’ère de la transparence, c’est partout. Dans les déclarations d’intérêt des politiques comme dans les jus d’orange de vos petits déjeuners. Depuis quelques semaines (tadam !), Tropicana vous est vendu non plus dans une bête brique en carton, mais dans une rutilante bouteille en plastique translucide PET, afin de répondre à votre impérieux désir de limpidité et de vérité vraie. C’est en tout cas l’argument en béton du directeur général de PepsiCo France, Bruno Thévenin, qui, interrogé par Le Monde sur ce nouveau packaging, a déclaré : « La brique carton, cela suffit. Les consommateurs veulent de la transparence, ils souhaitent voir le produit. » Tellement visionnaire.
Dans un monde où on n’a pas tous les jours l’occasion de se faire du bien, le sacerdoce de Brubru, c’est de régaler ses consommateurs. Preuve de sa bonne foi : il a même été demander l’impossible à son fournisseur de brique : « Du carton transparent ». Bon, comme c’était réellement impossible, il est passé au plastique, 50 % recyclé s’il vous plaît. Quelle belle conscience écologique… Merci de reconnaître à PepsiCo le courage de cette décision hyper punk et totalement à contre-courant pendant que nous autres blaireaux tentons désespérément de réduire notre consommation de plastique. Après tout, à en croire les collapsologues, on est bientôt tous foutus, alors autant kiffer tranquille son petit jus multivitaminé dans sa bouteille cristalline, en attendant la fin du monde. À la suite du ramdam sur les réseaux sociaux à coups de #BoycottTropicana, la firme s’est fendue d’un communiqué de presse, le 21 juin, pour assurer qu’en 2021, promis, leur plastique sera 100 % recyclé. Comment ça, on nous souffle que l’« opération transparence » a fait d’une pierre deux coups, passant la contenance d’un litre à 90 centilitres ? Le geste antigaspi de PepsiCo, probablement.