Déjà plus de deux mois que Georges Tron, maire LR de Draveil, en Essonne, gère sa ville depuis sa cellule de prison. Dit comme ça, ça ressemble au début d’un bon film de mafieux. Ce n’est hélas pas de la fiction. Condamné en appel en février pour viol et harcèlement sexuel en réunion sur l’une de ses collaboratrices, Georges Tron, ancien secrétaire d’État à la Fonction publique sous le gouvernement Fillon, a écopé d’une peine de cinq ans de prison, dont trois ferme.
La décence et la morale auraient voulu qu’il renonce à ses fonctions. Mais le loustic s’est pourvu en cassation, ce qui, dans le droit français, lui permet de rester à son poste jusqu’à ce que la Cour donne son verdict. La majorité municipale n’y voit rien à redire et refuse de destituer celui qui se décrit comme un « maire empêché ».
Démunie, l’opposition s’indigne. Interviewé par Causette, Christian Chardonnet, chef de file du groupe municipal LREM, fustige l’emprise et le clientélisme du maire et dénonce une situation devenue « ubuesque ». « Lors des conseils municipaux, la prise de parole la plus importante est la lecture d’un texte écrit par quelqu’un en prison. C’est un déni de démocratie. » Deux associations féministes ont lancé une pétition comptabilisant à ce jour 36 000 signatures. Adressée au gouvernement, elle demande la destitution du mafioso en herbe.