Eh ben, mes cochon·nes, la disparition des nitrites et des nitrates dans notre alimentation, ce n’est pas pour tout de suite ! Ces additifs alimentaires sont ajoutés aux viandes transformées pour garantir leur meilleure conservation et leur donner une appétissante couleur rose. Mais ils se sont révélés cancérogènes, à l’origine notamment de cancers colorectaux. Des risques démontrés par la littérature scientifique depuis plusieurs années, et confirmés en juillet 2022 dans un avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).
Les mesures de l’exécutif, censé pondre un super « plan d’action » étaient donc attendues avec impatience par les associations de consommateur·rices. Des attentes douchées, le 27 mars, lorsque Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture, et Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, ont présenté leur « trajectoire ambitieuse de réduction des additifs nitrés dans les produits alimentaires ».
Pour l’ambition, on repassera : le plan prévoit une timide baisse de 20 % de ces substances dans le jambon cuit et les lardons d’ici à fin avril, et une autre pas franchement ouf de 25 % dans les saucisses, saucissons cuits, pâtés, rillettes, andouilles et andouillettes, d’ici six à douze mois. S’il est vrai que l’Anses ne préconisait qu’une réduction de l’exposition à ces additifs, on aurait pu imaginer des mesures plus ambitieuses, voire une interdiction pure et simple. Sauf que ce plan, ô surprise, a été réalisé… avec les professionnel·les des filières agroalimentaires. Eh oui ! Nos produits, « qui font la fierté de nos terroirs », doivent continuer « de pouvoir se développer », estime Marc Fesneau. Le flouse avant la santé ! Dans Le Monde, Daniel Nizri, président de la Ligue contre le cancer, rappelle pourtant que 4000 nouveaux cas de cancers « pourraient être évités chaque année par la suppression de ces nitrites ». Le comble ? Les industriels savent très bien faire sans cet additif. On nous prend vraiment pour des jambons !