Il n’y a qu’à faire un tour sur le compte Instagram @insta_repeat – qui compile des photos de touristes (qu’ils croient super originales !) prises aux mêmes endroits du monde et identiques jusqu’à la nausée – pour se rendre compte que le voyage n’est plus un moment de plaisir ou d’accomplissement, mais surtout une occasion de donner à voir à son réseau son incroyable quête de singularité et d’authenticité. C’est que la compétition est féroce.
Il faut donc aller toujours plus loin pour se démarquer. Et le secteur du tourisme l’a bien compris ! « N’hésitez pas : soyez les premiers à vous replonger dans l’histoire multimillénaire [de la Syrie] », vante le voyagiste Clio, à propos de la réouverture de son tour dans le pays. Pendant ce temps-là, le Petit Futé vient de publier un guide de voyage pour se balader dans le doux pays de Kim Jong-un. « Comme [la Corée du Nord] est un pays fermé, tout le monde rêve d’y aller, et tout le monde veut voir ce qui est interdit et ce qui est fermé », assure à Euronews Dominique Auzias, cofondateur dudit guide. Entre un voyage culturel dans les derniers sites historiques pas encore détruits par les bombes d’un pays toujours en guerre, ou une escapade dans un pays où le totalitarisme communiste a réussi, on a l’embarras du choix pour frimer avec ses vacances uniques.
C’est ce qu’on appelle le « tourisme noir » : cette recherche de frissons qui pousse d’intrépides vacanciers à suivre les pas de serial killers (c’est glauque), à se rendre sur les lieux de catastrophes nucléaires (c’est pas malin) ou à s’encanailler au plus près de zones de conflit (c’est assez indécent). Pffff, s’il ne fallait voyager que dans les démocraties, aussi…